L'ex-Père Preynat est très probablement dans l'incapacité de dédommager ses victimes. 7:15
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Jean-Luc Boujon, Ugo Pascolo avec AFP
Un fonds d'indemnisation va être mis en place par l'Église pour dédommager les victimes de l'ex-Père Preynat, ce dernier étant presque à coup sûr dans l'impossibilité de payer les sommes requises. Un appel aux dons pourrait donc être lancé.

Les fidèles vont-ils indemniser les victimes ? En mai dernier, la justice ecclésiastique de Lyon a décidé d'indemniser les victimes de l'ex-Père Preynat, condamné en mars à cinq ans ferme pour agressions sexuelles. Une décision historique qui aurait dû être un pas de plus vers la fin de cette affaire, dont l'origine remonte à 1971. Mais pour le moment, seules 14 victimes devraient être indemnisées, entre 10.000 et 12.000 euros. Les sept autres ont choisi de se tourner vers la justice républicaine. Et elles devront attendre que le procès en appel de l'ancien prêtre ait lieu.

"Les chrétiens qui devront payer"

Le problème, c'est que l'ex-Père Preynat sera probablement déclaré insolvable, puisqu'il lui sera tout bonnement impossible de payer ces indemnités, qui représentent environ 150.000 euros au total. Il faudra donc faire un appel aux dons, car l'"Église ne peut pas payer", explique au micro d'Europe 1 Monseigneur Michel Duboste, administrateur apostolique du diocèse. "Nous sommes dans un système fiscal où je ne peux donner que pour le culte, et ce n'en n'est pas. Ce sont donc les chrétiens qui devront payer, de toute façon nous ne vivons que de dons."

Mais ces dons devront être fait par un "fonds dédié, de manière à ce qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur la question et que les gens savent pourquoi ils donnent", précise-t-il. Une création prévue prochainement qui devrait retarder le versement de plusieurs mois. 

"Quand les lois ne sont pas bonnes, on les change ou on les casse"

Que les chrétiens payent pour les fautes du père Preynat, cela laisse perplexe François Devaux, cofondateur et président de l'association des victimes du clerc lyonnais La Parole Libérée. "On a proposé à plusieurs reprises à la conférence des évêques que nos avocats travaillent avec l'Église sur la possibilité que l'institution catholique puisse prendre en charge ces indemnisations", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Mais ça a systématiquement été refusé. Quand les lois ne sont pas bonnes, on les change ou on les casse. Je ne vois pas qui s'opposerait à ce que l'Église endosse sa responsabilité financière quand elle a commis et couvert des faits d'agressions sexuelles."

Au-delà ce cette question, "l'Église vient de reconnaître aux victimes leur statut, après 50 ans tout de même", pointe François Devaux. Un "premier pas" obtenu après des années de combat, tant "le cheminement introspectif de l'institution a du mal à venir naturellement", euphémise-t-il