Le syndicat de la magistrature accuse Cazeneuve de faire de la justice un "coupable idéal"

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avec AFP , modifié à
Le syndicat de la magistrature a accusé jeudi le ministre de l'Intérieur de faire de la justice un "coupable idéal". 

Le syndicat de la magistrature (SM, gauche) a jugé jeudi "navrante" l'attitude du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve face à la grogne des policiers l'accusant de désigner à la vindicte policière un "coupable idéal : l'autorité judiciaire".

"La colère débordante de plusieurs centaines de policiers". "Hier inflexible et sourd à la contestation populaire qui s'exprimait massivement contre la loi Travail, le gouvernement cède aujourd'hui avec une facilité déconcertante à la colère débordante de plusieurs centaines de policiers", dénonce dans un communiqué le syndicat pour qui "la peur a changé de camp". "Les tentatives de déminage médiatique n'ayant pas tari les démonstrations de force, Bernard Cazeneuve est monté d'un cran" faisant passer le drame de Viry Chatillon, à l'origine des manifestations, "du statut de crime contre des policiers" à "une attaque contre la République 'en droit et en devoir de se défendre'", explique le SM.

"Un coupable idéal : l'autorité judiciaire". Réagissant au plan pour la police annoncé mercredi par le ministre de l'Intérieur, le syndicat accuse Bernard Cazeneuve de désigner en creux "à la vindicte policière un coupable idéal: l'autorité judiciaire". Pour le SM, l'idée de "réprimer plus sévèrement l'outrage" aux policiers pour l'aligner sur celui fait aux magistrats, "relâcher le contrôle des armes par la police et, surtout, placer les décisions de justice sous surveillance policière" dans le cadre d'une "information partagée", relèvent du "populisme".

"Il est consternant qu'il ait fallu attendre un tel drame pour que l'insuffisance des moyens policiers, commune à tant de services publics, soit prise en compte", regrette également le SM. Le gouvernement a annoncé mercredi soir le déblocage d'une enveloppe de 250 millions d'euros et des mesures répondant à la plupart des revendications des policiers, espérant calmer le mouvement de grogne entamé après l'attaque d'une voiture de police au cocktail Molotov le 8 octobre à Viry-Châtillon, dans l'Essonne. L'Union syndicale des magistrats (USM, largement majoritaire dans la profession) avait déjà estimé vendredi que la justice ne saurait "être tenue responsable" de la colère des policiers qui réclament notamment une réforme de la présomption de légitime défense.