Le sexe présente-t-il des risques pour le système cardiaque ?

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Damien Mascret , modifié à
Certaines populations doivent faire attention à la pratique du sexe, qui est une activité physique comme une autre, avec ses efforts plus intenses qu'au repos. Mais globalement, avoir des relations sexuelles est bon pour le cœur, explique le médecin Damien Mascret sur Europe 1, jeudi.

Y a-t-il un risque de faire un infarctus pendant l'amour ? À quels efforts correspondent une relation sexuelle standard et un rapport extraconjugal ? Quelles populations doivent faire particulièrement attention à cette pratique ? Dans l'émission Sans Rendez-vous sur Europe 1, jeudi, le docteur et chroniqueur Damien Mascret analyse l'impact du sexe sur le cœur.

Quels risques d'infarctus ?

"Le sexe est une activité physique et comme toute activité physique, elle augmente légèrement le risque d'infarctus. On considère que vous allez avoir un risque qui va être augmenté pour passer à 0,2% de risque. Ce sont des statistiques faites en Europe.

Au Japon, en étudiant 5.500 autopsies après des morts subites, les autorités ont observé qu'il n'y en avait qu'une petite trentaine survenues au cours d'un acte sexuel. Il faut noter que ces actes sexuels avaient lieu très souvent avec des partenaires extraconjugales. Neuf fois sur dix, il s'agissait d'hommes qui avaient une maîtresse et qui, à ce moment-là, avaient ces morts subites. Pourquoi les relations extraconjugales semblent-elles présenter davantage de risques ? Il y a des hormones de stress qui augmentent le risque de troubles du rythme cardiaque. Et puis, d'autre part, on a aussi une intensité de l'effort qui peut être un peu plus intense. 

Quelles dépenses d'énergie ?

Les cardiologues français nous disent qu'un rapport sexuel est équivalent au fait de monter deux étages à bonne allure. Mais c'est plus si vous êtes dans une aventure extraconjugale. C'est vrai que le rythme cardiaque va s'accélérer, le pouls va battre à 130, la tension va augmenter un peu et peut même monter jusqu'à 17, voire plus, au moment du plaisir.

Il y a un effort particulier pour le système cardio-vasculaire, mais c'est justement ce qu'on recherche. C'est pour cette raison que les cardiologues recommandent l'activité sexuelle. Parce que même si ça augmente transitoirement le risque d'infarctus, comme toute activité physique, on a un risque réduit de faire des accidents cardio-vasculaires. Ayez donc une activité physique en dehors du lit et au lit, car les risques sont limités. 

Quelles populations à risques ?

Il y a des populations qui doivent faire attention. Ce n'est pas dangereux pour ceux qui ont des problèmes cardio-vasculaires stabilisés. Si vous avez des difficultés cardio-vasculaires qui ne sont pas stabilisées, une hypertension qui n'est pas bien contrôlée, des troubles du rythme qui sont mal contrôlés, il faut faire attention. Si vous avez fait un infarctus et que votre bilan fonctionnel est bon une semaine après, on considère que vous pouvez reprendre une activité sexuelle. C'est parfaitement possible, en faisant attention.

L'âge auquel on fait des infarctus est souvent celui auquel on a parfois besoin d'utiliser des médicaments pour l'érection. Ces pilules sont contre-indiquées dans les six semaines qui vont suivre l'infarctus. Il faudra donc attendre un petit peu. De façon générale, on ne prend et n'arrête un traitement cardiovasculaire jamais sans l'avis du médecin. Il est parfaitement à même de vous répondre, y compris sur le plan de la sexualité. Ça fait partie de la santé globale."