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avec AFP , modifié à
Le procès de Bernard Preynat, dont les agressions sexuelles présumées sur de jeunes scouts de la région lyonnaise ont déclenché l'affaire Barbarin, et qui devait avoir lieu lundi à Lyon, a été reporté de lundi à mardi en raison du mouvement de grève des avocats contre la réforme des retraites.

Le bâtonnier du barreau de Lyon, Serge Deygas, est venu en personne lundi réclamer le renvoi total du procès très attendu de l'ex-prêtre Bernard Preynat, et ce dès le début de l'audience, après la lecture de l'acte d'accusation, en raison du mouvement de grève des avocats contre la réforme des retraites. "Nous avons conscience que ce procès est très important. Néanmoins, on a considéré qu'il n'y avait pas lieu de lui donner un traitement spécial", a-t-il justifié devant les juges, accompagné d'une dizaine d'avocats grévistes.

Un report d'une journée pour ne pas faire attendre davantage les victimes 

Une requête soutenue par les avocats des parties civiles. Mais la plupart de ces derniers, comme l'avocat de la défense, n'ont demandé qu'un report d'une journée pour ne pas faire attendre davantage les victimes présumées de M. Preynat, âgé de 74 ans. "Je propose un entre-deux: recevoir la demande de renvoi, mais seulement jusqu'à demain. En quatre jours, nous aurons le temps d'examiner tranquillement ce dossier", a notamment assuré l'une d'entre elles, Me Nadia Debbache. La présidente Anne-Sophie Martinet a ainsi décidé "de suspendre ce procès jusqu'à demain (mardi) matin pour des débats d'une durée de quatre jours". Ce qui, selon elle, "devrait" être suffisant.

Auparavant, elle avait consulté les parties civiles, qui ont souhaité une tenue rapide du procès. "Je suis incapable de me positionner sur le fondement de cette grève, mais il faut que les choses soient tranchées", a notamment répondu François Devaux, victime de Preynat et cofondateur de l'association "La parole libérée" à l'origine du procès Barbarin. "Je ne peux que soutenir ce mouvement de grève", a réagi Pierre-Emmanuel Germain-Thill, une autre des victimes. "Tout en demandant à ce que cela ne soit renvoyé qu'à demain. Je pense que c'est un bon compromis pour tout le monde". Pour lui comme pour les autres victimes, le temps semble déjà long. D'autant plus que la santé de l'ancien prêtre est fragile. 

"J'ai entendu la souffrance de ces personnes et je comprends très bien qu'ils désirent que ce procès débute le plus vite possible"

Également interrogé, Bernard Preynat a souhaité que "ce procès ait lieu le plus vite possible car cela fait déjà cinq ans que cette procédure a commencé" pour des faits "dont (il est) coupable".
"J'ai entendu la souffrance de ces personnes et je comprends très bien qu'ils désirent que ce procès débute le plus vite possible", a ajouté l'ancien prêtre, aujourd'hui barbu, qui a chaussé ses lunettes brunes après avoir gagné sa chaise d'un pas prudent derrière son avocat. Pour certaines victimes, il était encore difficile de se retrouver face à lui. "Je l'ai regardé toute à l'heure avec beaucoup de haine", confie l'une d'entre elle tout en ajoutant avoir hâte de s'expliquer avec le père Preynat. 

Bernard Preynat, qui reconnaît la plupart des faits, est poursuivi pour des agressions pédophiles commises voici plusieurs décennies, entre 1971 et 1991, alors qu'il officiait comme vicaire-aumônier scout à Sainte-Foy-Les-Lyon (Rhône). Dix victimes mineures au moment des faits se sont constituées partie civile, en plus d'une poignée d'associations. Les plaignants, des scouts âgés de 7 à 15 ans à l'époque, reprochent essentiellement à l'ex-curé des attouchements, baisers sur la bouche et caresses réciproques contraintes, notamment sur le sexe.

L'ex-prêtre, réduit à l'état laïc (défroqué) au terme de son procès canonique l'été dernier, encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.Ses agissements ont éclaboussé le cardinal de Lyon Philippe Barbarin, condamné en mars 2019 à six mois de prison avec sursis pour ne pas l'avoir dénoncé à la justice avant sa mise en examen en 2016. Désormais en retrait du diocèse, le primat des Gaules attend la décision de la cour d'appel le 30 janvier.