Le parquet requiert la mise en examen et la détention de Tariq Ramadan, accusé de viols

L'islamologue suisse de 55 ans est visé par deux plaintes pour viol en France.
L'islamologue suisse de 55 ans est visé par deux plaintes pour viol en France. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP , modifié à
L'islamologue suisse de 55 ans, en garde à vue depuis mercredi, est visé par deux plaintes pour viol. 

Le parquet de Paris a requis vendredi la mise en examen pour viols et le placement en détention provisoire du théologien musulman controversé Tariq Ramadan, a indiqué une source judiciaire. L'islamologue suisse de 55 ans, visé par deux plaintes pour viol en France, était présenté vendredi après-midi à un juge d'instruction à Paris. Au terme de sa garde à vue entamée mercredi, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour viol et viol sur personne vulnérable. Trois juges d'instruction ont été désignés, selon des sources concordantes, signe de la complexité de l'affaire ou de l'amplitude des investigations envisagées.

A la suite du scandale lié au producteur américain Harvey Weinstein, qui a entraîné dans de nombreux pays une libération de la parole de victimes d'abus sexuels, deux femmes avaient accusé, fin octobre, le théologien de les avoir violées. Ce petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, accusé par ses détracteurs de promouvoir un islam politique, avait alors dénoncé "une campagne de calomnie".

Audition très tendue. La première plaignante, Henda Ayari, accuse l'islamologue de l'avoir violée dans un hôtel parisien en 2012. Cette femme de 41 ans avait déjà raconté la scène dans son autobiographie en 2016, désignant son agresseur présumé par un pseudonyme. Mais sans se résoudre encore à porter plainte. Pour tenter d'éteindre le scandale, la défense de l'intellectuel avait alors versé au dossier des pièces censées discréditer la parole de cette ancienne salafiste devenue militante féministe.

La seconde plainte avait été déposée fin octobre, quelques jours après la première, par une femme de 40 ans qui se présente sous le pseudonyme de "Christelle". Elle accuse l'universitaire de l'avoir violée et frappée lors de leur unique rencontre dans un hôtel à Lyon en 2009, en marge d'une des conférences très courues du prédicateur. Tariq Ramadan et "Christelle" ont confronté jeudi en fin d'après-midi leurs versions devant les enquêteurs. Au terme de trois heures d'une audition très tendue, le théologien, qui nie tout rapport sexuel avec cette femme, a refusé de signer le procès-verbal.

D'autres femmes entendues. "Chacun est resté sur ses positions", a précisé une source proche du dossier. Selon elle, l'islamologue a été mis en difficulté par la connaissance qu'avait son accusatrice d'une petite cicatrice à l'aine, indécelable sans un contact rapproché.

Avant de convoquer Tariq Ramadan, les policiers ont enquêté pendant trois mois et ont entendu les plaignantes au début de leurs investigations, à Rouen et Paris. Selon une source proche de l'enquête, de nombreux échanges à caractère érotique ont été versés au dossier et des dizaines de personnes ont été entendues, notamment des femmes témoignant de faits similaires mais qui n'ont pas porté plainte à ce jour.

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