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Raphaël Maillochon avec , modifié à
Certains homicides ne seraient pas détectés en raison du faible nombre d'autopsies pratiquées en France. Elles sont deux fois moins nombreuses qu'en Allemagne. 

Certains meurtres passent-ils inaperçus en raison de l'absence d'autopsie ? D'après la revue trimestrielle Sang Froid, consacrée au monde de la justice, certains homicides passeraient sous le radar des autorités. Plusieurs failles dans le dispositif de médecine légale seraient à l'origine de cet état de fait. 

Un faible nombre d'autopsies. Dans l'Hexagone, le nombre d'autopsies pratiquées reste en effet très bas comparé autres pays européens. Une autopsie est pratiquée sur seulement 4% des décès chaque année, note le JDD, contre le double en Allemagne et le triple dans les pays scandinaves. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce faible nombre d'examens. Il s'agit d'abord d’une question de coût. Au total, avec le transport du corps, l'acte médical en lui-même et la recherche de stupéfiants, d'alcool et de lésions, la facture se chiffre à plus de 1.000 euros.

"Une inégalité de traitement". La réforme de la médecine légale de 2010 est également pointée du doigt. Les médecins légistes sont en effet désormais regroupés dans des hôpitaux régionaux. Si un décès survient loin de l'un de ces centres, c'est donc un médecin généraliste qui est appelé sur place. Or, il n'a ni les compétences ni la formation pour savoir si, a priori, une mort "naturelle" n'est pas en fait un homicide. Pour Sophie Gromb, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, il y a bien "une inégalité de traitement des décès sur le territoire nationale".

Un choix propre à chaque procureur. Selon la médecin, ces disparités sont également dues au fonctionnement de la justice. "Les procureurs de la République estiment en leur âme et conscience s'ils ont suffisamment d'éléments ou non pour ouvrir des enquêtes (et donc des autopsies)", explique-t-elle. "C'est donc très 'personne-dépendant'", regrette-t-elle.