Bernard Laporte est président de la Fédération française de Rugby depuis 2016. 1:12
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Simon Ruben avec AFP , modifié à
Bernard Laporte, le patron du Rugby français, a été placé en garde à vue mardi pour être interrogé sur ses liens présumés avec le sponsor des Bleus, Altrad, dans le cadre d'une enquête ouverte en 2017. Sur Europe 1, son avocat dénonce la proximité de cette audition, qui a pris fin mercredi soir, avec les élections pour la présidence de la fédération.
INTERVIEW

Bernard Laporte, le président de la Fédération française de rugby (FFR), a été placé en garde à vue mardi dans l’enquête sur ses liens supposés avec le groupe Altrad, le sponsor des Bleus. Au micro d’Europe 1, son avocat s’est agacé mercredi des lenteurs de la justice, ce rebondissement intervenant notamment trois ans après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet national financier.

"Scandalisé par le calendrier"

"Je suis scandalisé par le calendrier. J’ai fait tous les efforts pour essayer d’expliquer au procureur que cette date n’est pas admissible, que dans un dossier né il y a trois ans on n’attend pas la date du 22 septembre 2020 pour interroger les intéressés", explique Jean-Pierre Versini Campinchi. En effet, cet interrogatoire intervient dix jours avant les élections fédérales, Bernard Laporte étant candidat à un second mandat à la tête de la FFR. La garde à vue a été levée mercredi soir, ainsi que celles de l'homme d'affaires Mohed Altrad et de trois autres personnes. Tous sont ressortis libres.

Aux yeux de l'avocat de Bernard Laporte, il s’agit d’une tentative de déstabilisation : "Il y a une suspicion systématique lorsque vous êtes une figure notoire comme lui", argue-t-il. "Depuis le début, nous savons que ce dossier a été monté en chantilly. Je suis absolument confiant quant au résultat final : la montagne va accoucher d’une souris", assure Jean-Pierre Versini Campinchi.

Il revient désormais au parquet national financier de décider des suites à donner à cette enquête préliminaire ouverte en 2017 pour examiner notamment les liens entre Bernard Laporte et Mohed Altrad, propriétaire du Montpellier Hérault Rugby (MHR) et sponsor maillot du XV de France. Il peut désormais décider de poursuivre son enquête préliminaire, d'ouvrir une information judiciaire confiée à des juges d'instruction, ou bien de mettre un terme aux investigations.

Plusieurs affaires

Dans cette affaire, le patron du rugby français est notamment soupçonné d'avoir favorisé Montpellier (Top 14) en intervenant auprès de la commission d'appel de la FFR pour faire diminuer des sanctions contre le club, fin juin 2017. Il s'en est toujours défendu, même s'il a reconnu avoir téléphoné le 30 juin au président de la commission, Jean-Daniel Simonet.

Le contrat de sponsoring du groupe Altrad, spécialiste des matériels de bâtiment devenu le premier sponsor maillot du XV de France, a également été abordé par les enquêteurs, selon l'avocat de Serge Simon, Me Pierre Blazy. Autre sujet d'intérêt de la police financière, selon Me Blazy : le soutien du groupe Altrad à la candidature française, finalement victorieuse, pour l'organisation de la Coupe du monde 2023, comme l'avait écrit le Canard enchaîné mi-août.