Les promotions sur les contrats de location longue durée ont bondi de 27% depuis 2008 4:55
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Maud Descamps, édité par Lucie de Perthuis
L'association de consommateurs UFC-Que choisir dénonce mercredi la location longue durée d'appareils électroménagers, qui reviendrait plus cher que l'achat au prix comptant. Un type d'offre pourtant adressé aux foyers les plus modestes, qui consiste à verser chaque mois une petite somme pour louer des biens pendant trois ou quatre ans en moyenne. 
ANALYSE

L'association de consommateurs UFC-Que choisir se penche mercredi sur la location longue durée d'appareils d'électroménagers. L'association assure que ce système est pire que celui des crédits revolving dans les années 2000. UFC-Que choisir a reçu plus d'une centaine de signalements concernant ces offres. Des promotions qui auraient bondi de 257% depuis 2008. 

"Un surcoût de 130%"

Le principe de ces offres est simple : moyennant une somme modeste versée chaque mois, vous louez un téléviseur, un mixeur ou encore un micro onde, pendant 3 ou 4 ans en moyenne. Sur le papier, c'est une offre séduisante, surtout pour les petits budgets. Cela permet de s'équiper sans trop dépenser. Sauf qu'en y regardant de plus près, UFC-Que choisir s'est rendu compte que le consommateur dépense bien plus que s'il avait acheté le produit. C'est ce qu'explique Mathieu Robin, de UFC-Que choisir : "Par exemple, un micro-onde proposé par Boulanger Location va coûter 316 euros au prix comptant. Par la location longue durée, où vous n'êtes pas propriétaire, sur une durée de 48 mois ça va coûter 731 euros. C'est un surcoût de 130%".

A la fin du contrat de location, le consommateur doit évidemment rendre le produit, ce qui est discutable d'un point de vue écologique. Ce système pousse le consommateur à se ré-équiper, et même à se "sur-équipier", alerte l'association, qui réclame un plafonnement des tarifs appliqués, et plus de clarté quant aux contrats proposés. 

Une pratique très peu développée en France

Pour Philippe Moati, il faut relativiser l'impact de ces locations longue durée. Le professeur d'Économie à l'université Paris-Diderot explique que ces locations longue durée d'appareils électroménagers "ne concernent que 1% des Français", qui restent réticents à remplacer la propriété par la location. "La location peine à se développer, tous produits confondus. Sur une durée de 12 mois, seulement 16% des Français ont loué un produit, en incluant les automobiles", assure le professeur d'économie.

Pour autant, Philippe Moati rejoint UFC-Que choisir sur un point : ce système pousse à la surconsommation, en ce qu'il permet de pouvoir changer de produit à chaque échéance de contrat. De plus, ces contrats s'adressent aux foyers les plus modestes, alors qu'ils sont en réalités trompeurs : "C'est là qu'il faut dénoncer la location longue durée, et UFC-Que choisir a raison de le faire. On attire les gens avec des mensualités qui paraissent faibles, et on a pas besoin de débourser le somme tout de suite. Mais finalement, cela revient à plus cher, et même plus cher que la vente à crédit", alerte le professeur.