L'assassinat de Christophe Lejard : règlement de comptes en famille

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Guillaume Perrodeau
Dans Hondelatte Raconte, retour ce lundi sur une affaire criminelle de novembre 2010 qui a débouché sur la condamnation de trois personnes.

L'affaire de ce lundi, chez Christophe Hondelatte, nous emmène à Rognonas, dans le sud de la France, près d'Avignon. En novembre 2010, Christopher Lejard découvre son père abattu, au pied de sa voiture. Rapidement, tout porte à croire qu'il a été tué lors d'un guet-apens. Oui, mais par qui ?

 

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Le matin du 24 novembre 2010, alors qu'il sort, Christopher Lejard est interpellé par une chose surprenante. La voiture de son père est encore là, dans l'allée, alors qu'il est parti il y a plus d'une heure au travail. Christopher se rapproche du véhicule. L'horreur. Il découvre son père, Christophe, au sol à côté du véhicule. Il gît dans une mare de sang. Lorsque les gendarmes arrivent, ils interrogent rapidement la famille et concluent assez vite qu'il s'agit sans doute d'un guet-apens. En effet, le portail de la propriété est fermé, alors qu'il est habituellement toujours ouvert. On a sans doute cherché à piéger Christophe Lejard, afin de le tuer.

Entreprise ou famille ? Les enquêteurs privilégient deux pistes : l'entreprise et la famille. Christophe est en conflit ouvert avec son beau-fils, Arnaud, mais ce dernier était en Normandie au moment des faits. Une impasse. Interrogée, la veuve, Roseline Painchault, ne semble pas très surprise. "Ça devait arriver", confie-t-elle, car selon elle, Christophe se servait dans les caisses de son entreprise. Alors les gendarmes se tournent vers la comptabilité de l'établissement, pour vérifier. Mais il n'y a rien. Pas l'ombre d'une magouille. Roseline Painchault est en train de les balader.

Le 3 décembre, une femme se présente spontanément à la gendarmerie, Liliane Berger. Elle explique qu'elle était la maîtresse de Christophe Lejard, depuis six mois et qu'il souhaitait divorcer. Roseline Painchault n'a jamais évoqué ce projet de divorce. L'étau se resserre autour de la veuve. Et il va encore davantage se resserrer lorsque la sœur de Christophe Lejard, Maryse, vient témoigner d’éléments troublants à la gendarmerie. Non seulement, elle a trouvé l'attitude de Roseline Painchault extrêmement étrange lors de la cérémonie, mais surtout, cette dernière lui a expliqué que Christophe s'était sans doute suicidé. Totalement farfelu, à la vue des constatations des gendarmes. Maryse Lejard explique aussi que Christophe avait peur de sa femme, peur qu'elle l'empoisonne et qu'il comptait partir très vite : une semaine après son assassinat.

Les mensonges de Roseline Painchault. Roseline Painchault, interrogée une seconde fois, donne une autre version. La maîtresse ? Elle n'était pas au courant. Le divorce ? L'initiative venait d'elle. Autant d'éléments que les gendarmes peuvent rapidement vérifier, grâce à des mails notamment, et découvrir ainsi que Roseline Painchault ment. Elle savait pour Liliane Berger. Alors si elle ment à ce point, c'est qu'elle est mêlée au meurtre de son mari. Elle n'est pas l'auteur du coup de feu, car elle était dans la propriété à ce moment-là, mais elle est liée à l'assassinat.

Les gendarmes partent donc sur la piste d'un complice. Ils passent en revue tous les proches du couple, prélèvements ADN à la clé. Pendant un an, ils n'obtiennent rien, jusqu'au jour où ils remontent jusqu'à un certain Christopher Munsch, un artisan de 26 ans, qui avait fait des travaux chez le couple il y a quelques mois. C'est son ADN qui a été prélevé sur le portail fermé le jour du meurtre.

Placé en garde à vue, il finit par craquer, indiquant qu'il a été payé 15.000 euros par Roseline Painchault, mais seulement pour fermer le portail. Également placé en garde à vue, Roseline Painchault craque à son tour. Mais si elle a payé Christopher Munsch, c'était bien pour tuer son mari.

La troisième personne. L'affaire est conclue, pense-t-on. Seulement non. Car les gendarmes constatent que Roseline Painchault et Christopher Munsch ne se sont pas contactés par téléphone une seule fois. Il y a donc un intermédiaire, que les enquêteurs trouvent rapidement. Qui habite près de chez Christopher Munsch en Normandie ? Arnaud, le beau-fils de Christophe Lejard. En garde à vue, lui aussi avoue immédiatement avoir été l'intermédiaire. Tous les trois sont renvoyés devant la cour d'assises. Le jugement confirme que Roseline Painchault était bien au cœur de la machination. Elle écope de 25 ans de prison, Christopher Munsch, le tueur, 20 ans. Quant à Arnaud, il est condamné à 15 ans.

Malgré le procès, difficile d'établir ce qui a poussé cette femme a tué son mari. "On pouvait se demander si ce n'était pas par désespoir", souligne Martine Assonion, avocate générale lors du procès. Finalement, pour la magistrate, c'est un mélange de ressentiments : "l’humiliation, la jalousie, l’orgueil, l’amour". "Elle est blessée dans son orgueil et on peut penser que c’est la principale partie du mobile pour lequel elle a poussé son fils et l’ami de son fils dans cette affaire", conclut Martine Assonion.