L'affaire Baupin arrive devant la justice : "C'est étrange de se retrouver dans une position d'accusée alors que l'on se sent victime"

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Alain Acco, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Après avoir été accusé de harcèlement sexuel, le député Denis Baupin a porté plainte contre ses accusatrices pour diffamation. Cette plainte est jugée à partir de lundi, à Paris.

L'affaire Baupin arrive devant le tribunal, lundi. Denis Baupin, ancien député Europe-Écologie-Les Verts, avait été publiquement accusé en 2016 de harcèlement sexuel (notamment par SMS) et de tentatives d'agression sexuelle, par plusieurs femmes (élues ou militantes) de son parti. Il avait alors démissionné de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale et renoncé, un an plus tard, à se représenter. L'enquête ouverte par la justice avait été classée sans suite, au bout de neuf mois, pour cause de prescription.

"Il s'agit aujourd'hui d'essayer de rétablir l'innocence de Denis Baupin." "La vie de Denis Baupin, son image, ont été cassées par cette affaire, par ce lynchage médiatique, par ce déferlement de haine et cette absence totale de prudence de la part de deux journalistes qui ont été jusqu'à inventer des SMS, supposés être des SMS de harcèlement sexuel, qui les ont imaginés, qui les ont rédigés, sans avoir même recherché à les lire ou vérifier leur authenticité", confie Maître Emmanuel Pierrat, l'avocat de Denis Baupin, à Europe 1.

Suite à cela, Denis Baupin avait déposé une plainte pour diffamation, qui est jugée à partir de lundi et pendant quatre jours, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris : "Il s'agit aujourd'hui, après trois ans, d'essayer de rétablir l'innocence de Denis Baupin qui a été constatée par la police judiciaire mais qui n'a pas été suffisamment relayée, selon nous."

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"Puisqu'il l'a choisi ainsi, allons jusqu'au bout." Sur le banc des prévenus, il y aura huit de ses accusatrices et quatre journalistes de France Inter et Mediapart. "C'est un petit peu étrange de se retrouver dans une position d'accusée alors que l'on se sent soi-même victime. Finalement, puisqu'il l'a choisi ainsi, allons jusqu'au bout, mettons sur la place publique des choses qui sont finalement restées assez discrètes, consignées au service judiciaire et à la police", explique l'ancienne députée écologiste Isabelle Attard.

Si elle s'attendait à ce que sa plainte soit classée sans suite pour cause de prescription, elle se repose aujourd'hui sur "ce que le procureur de Paris a écrit à la suite du classement sans suite". "Il dit que ce sont des faits avérés et corroborés. Ça, c'est très important pour nous reconstruire en tant que victimes."

"Il faut qu'ajourd'hui, la justice soit dite pour de bon." "Denis Baupin n'entendait pas poursuivre toutes ces femmes et ses accusatrices dont les propos ont été démentis par l'enquête de police judiciaire, assure pour sa part Maître Emmanuel Pierrat, l'avocat de Denis Baupin. Nous avons déposé plainte dès l'éclatement de cette supposée affaire contre Mediapart, contre France Inter."

Il précise que "c'est le juge d'instruction saisi de ces plaintes, qui a trouvé utile et nécessaire de renvoyer tout le monde, y compris les accusatrices, devant le tribunal correctionnel". A l'issue de l'enquête, "les juges d'instruction ont estimé nécessaire de ne pas renvoyer Denis Baupin devant un tribunal, mais au contraire, d'y renvoyer ses accusatrices". Aujourd'hui, il espère "laver cette page et rappeler que la présomption d'innocence dont bénéficiait Denis Baupin a été bafouée, qu'il a été diffamé". "Il faut qu'ajourd'hui, la justice soit dite pour de bon."