Loi Travail : 68.000 manifestants et 87 interpellations en France

Le cortège a été interrompu quelques minutes à Paris, où des affrontements ont eu lieu entre casseurs et forces de l'ordre.
Le cortège a été interrompu quelques minutes à Paris, où des affrontements ont eu lieu entre casseurs et forces de l'ordre. © THOMAS SAMSON / AFP
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C.C. avec agences , modifié à
Entre 68.000 (selon la police) et "plus de 220.000 manifestants" (selon la CGT) ont défilé mardi en France contre la loi Travail. Des incidents ont donné lieu à 87 interpellations.

Quelque 68.000 personnes (selon la police) ont manifesté leur rejet de la loi Travail, mardi dans toute la France, quand la CGT fait état de "plus de 220.000 manifestants". Des incidents ont émaillé les manifestations de Paris et Nantes, donnant lieu au total à 87 interpellations.

Les infos à retenir : 

- 53 personnes ont fait l'objet d'une interdiction de participer aux manifestations contre la loi Travail en France, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur.

- Entre 68.000 (selon la police) et "plus de 220.000 manifestants" (selon la CGT) ont défilé dans tout le pays. A Paris, entre 11.000 (selon la police) et 55.000 personnes (selon la CGT) ont battu le pavé.

- De nombreux incidents ont eu lieu. Au total, 87 personnes ont été interpellées.

- A Lyon, un policier a été "sérieusement" blessé.

Participation en hausse par rapport à jeudi. Quelque 68.000 personnes ont manifesté mardi en France, dont 56.300 en province, selon les autorités. La participation de mardi est donc supérieure à celle de la dernière journée de mobilisation, jeudi, qui avait réuni 55.000 personnes en France, selon le ministère. La CGT a quant à elle dénombré "plus de 220.000 manifestants". À Paris, selon la préfecture de police, ils étaient entre 11.000 et 12.000, alors que la CGT a compté 55.000 personnes

Affrontements. La situation s'est très vite tendue dans la capitale où des premiers projectiles ont été jetés dans la direction des forces de l'ordre. Ces dernières ont répondu avec des gaz lacrymogènes comme en témoignent plusieurs vidéos. Après quelques minutes de flottement, le cortège a finalement pu repartir.

Plusieurs manifestants ont tenté de s'éloigner du cortège pour organiser des manifestations sauvages. Encore une fois, ils ont été repoussés par des gaz lacrymogènes. Face à la situation, certains commerces ont décidé de baisser leurs rideaux de fer. 

Tirs nourris de lacrymogènes. A l'arrivée à Denfert-Rochereau, des gaz lacrymogènes ont une nouvelle fois été tirés tandis que des jeunes au visage masqué criaient "tout le monde déteste la police", ont constaté des journalistes de l'AFP, faisant état également de jets de pavés. Plusieurs manifestants ont alors quitté la place, la situation revenant progressivement au calme.

Tensions avec les services d'ordres des syndicats. Des tensions sporadiques (insultes et quelques jets de projectiles) se sont poursuivies quelques instants, à quelques rues de la place Denfert-Rochereau, entre manifestants et membres des services d'ordre des syndicats, certains d'entre eux portant des casques et étant armés de battes de baseball.

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© LIONEL BONAVENTURE / AFP

Au total, douze personnes ont été interpellées dans la capitale, a indiqué la préfecture de police : neuf pour jets de projectiles, trois pour port d'armes prohibée.

Quinze interpellations à Nantes. A Nantes, des incidents entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté vers 12h lors de la manifestation à laquelle participaient 3.500 personnes selon la police, et entre 8.500 et 10.000 personnes selon l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et Unef). Des manifestants ont commencé à lancer divers projectiles, dont des bouteilles en verre, sur la façade de la préfecture de Loire-Atlantique et en direction des forces de l'ordre présentes dans le jardin, qui ont répliqué en arrosant abondamment avec des lances à eau. 

Vers 12h30 de nouveaux incidents se sont produits près du château des Ducs de Bretagne, à l'entrée de la rue de Strasbourg qui mène à la mairie et à la préfecture. Après avoir été visées par des projectiles, les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes. Quinze personnes ont été interpellées, a-t-on appris de source policière.

Cinq policiers blessés à Lyon. A Lyon, où 1.900 à 7.000 personnes étaient présentes dans la rue, "cinq policiers ont été blessés dont un sérieusement", a indiqué le porte-parole du ministère Pierre-Henry Brandet.

Incidents à Rennes aux abords de la rocade. A Rennes, les manifestants, 1.100 personnes selon la préfecture, 2.000 selon les syndicats, avaient défilé sans encombre en fin de matinée derrière la banderole intersyndicale : "Contre les politiques d'austérité. Pour un véritable progrès social (emplois, salaires, protection sociale, retraite)". Au point de dispersion, vers 13H30, plusieurs centaines de jeunes, mais aussi des représentants de SUD, Solidaires ou du NPA, avaient quitté le cortège, tandis que les syndicats appelaient à rejoindre des barrages filtrants mis en place en début de matinée sur la rocade par les syndicats du transport routier. 

Au terme de près d'une heure d'un jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre qui tentaient de les en empêcher, quelque 450 manifestants, qui scandaient : "État d'urgence, état policier, on ne nous empêchera pas de rejoindre les routiers", sont arrivés en début d'après-midi aux abords de la rocade, près du grand centre commercial Alma, dans le sud de la ville. Le centre commercial a fermé ses portes, tandis que les forces de l'ordre repoussaient les manifestants hors du parking. L'un d'entre eux avait été blessé à la tête et évacué par les pompiers, selon une manifestante. Les manifestants ont ensuite essayé d'accéder à la rocade par le parc de Bréquigny, situé à proximité de la quatre-voies. Plusieurs tirs de gaz lacrymogènes ont eu lieu pour les en dissuader, puis le parc a été évacué dans le calme.

La permanence d'un députée PS murée à Toulouse. A Toulouse, une dizaine de syndicalistes de la CGT ont muré mardi matin l'entrée de la permanence parlementaire du député PS Christophe Borgel, pour réclamer le retrait de la loi Travail. Le député de Haute-Garonne a "condamné fermement" cette "dégradation", estimant qu'"à ce jour plus de trente parlementaires ont été victimes de ce type d'agissements".

Des blocages sur tout le territoire. Dès cette nuit, de nombreux chauffeurs-routiers ont commencé à installer des blocus, en Gironde, dans le nord de la France, ainsi qu'à Caen, Nantes et Marseille. "La loi El Khomri, dans ses dispositions, […] en favorisant les accords d’entreprise, amènerait à une perte de salaire. Pour un conducteur routier qui fait 200 heures par mois, il y aurait une perte de salaire de 1.300 euros à l’année", expliquait lundi au micro d'Europe 1 Midi Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT Transport.

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Des chauffeurs routiers à Vitrolles (PACA), lundi soir. Photo : Nathalie Chevance.