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Mardi, dans l'émission "Sans Rendez-Vous", la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui se demande quelle décision prendre, alors que son mari assure être toujours amoureux d’elle après une aventure de plusieurs mois.
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Comment trouver la force de pardonner son(a) conjoint(e) après une aventure extra-conjugale ? Plus difficile encore : une fois ce pardon accordé, comment lui refaire pleinement confiance ? Quel crédit accorder à la parole de celui qui jure vous aimer et qui, pourtant, est allé voir ailleurs ? Mercredi, dans Sans Rendez-Vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc se penche sur l’adultère.

La question de Marianne, 43 ans

"J’ai découvert que mon mari m’avait trompée plusieurs mois durant, avec la même femme. Ce fut très douloureux. Mais lui m’assurant qu’il m’aimait, et qu’il ne l’avait jamais aimée elle, je me sens prête à ne pas lui en tenir rigueur. Pensez-vous qu’il soit sincère ?"

La réponse de Catherine Blanc

"On peut ne pas être amoureux, mais être très en désir pour quelqu’un qui anime nos fantasmes, révèle un aspect de soi qui ouvre un champ de possibles, et sans pour autant qu'il s'agisse d'une personne avec laquelle on ait envie de s’établir, de construire quelque chose, si ce n’est de l’érotisme.

Quelle valeur donner à ce type d’incartade ?

Cette aventure pose la question de la cohabitation entre l’amour et la sexualité ; on peut aimer sa femme et ne pas être animé de désir ou de créativité érotique. À l’inverse, on peut ne pas aimer une femme et être particulièrement créatif, particulièrement excité, en désir de bâtir des choses, mais pas sur un plan social ou relationnel.

Pour Marianne, le fait de savoir que son mari ne serait pas amoureux est presque une autorisation à l’adultère. Elle fait de l’amour l’essence même de la relation, et semble donner un caractère anecdotique à la sexualité. Dès lors qu’il s’agit de sexe pour le sexe, on s’éloignerait de tout ce qui est humain : le sentiment, la valeur donnée à l’autre… comme-ci la sexualité n’en avait pas. Et pourtant, la sexualité est quelque chose de particulièrement intime et de profondément humain.

Les couples peuvent-ils parvenir à se refaire pleinement confiance après une tromperie ?

On peut se dire que qui a trompé trompera, en ce sens où celui qui connait le chemin de la tromperie et de la possibilité aura tout le loisir de reprendre ce chemin. Mais en partant de ce principe, il faudrait éradiquer la psychologie. Il y a chez l’être humain une capacité à apprendre de ce qui est, non pas au nom de la morale, mais du confort et de l’épanouissement personnel.

Dans une relation, si un homme est attaché à une femme, il l’est véritablement. Et s’il est en train de se battre en disant qu’il n’a pas aimé la précédente, que ce soit vrai ou faux, le fait est qu’il se bat pour préserver son couple. C’est ce qui est important : qu’il soit prêt à tout mettre en œuvre pour ça. Peut-être que cela ne durera qu’un temps, jusqu’à ce qu’il reprenne la poudre d’escampette... Mais si on ne croit pas en cela, on ne peut pas s’inscrire les uns avec les autres. Personne ne peut dire : ‘Fontaine je ne boirai pas de ton eau’… ni vous, ni moi."