Personnes âgées seniros sexo 4:48
  • Copié
Catherine Blanc
Au bout de quatre décennies de couple, Hervé sent la routine s'installer progressivement au sein de sa relation. L'occasion pour cet auditeur d'Europe 1 de demander quelques conseils à Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste à Paris, qui lui répond lundi dans l'émission "Sans Rendez-vous".

C'est une question à laquelle sont confrontés tant de couples, à un moment ou à un autre de leur histoire : comment ne pas laisser la routine s'emparer du quotidien à deux ? C'est le problème qui se pose dans le couple d'Hervé. Cet auditeur d'Europe 1 est confronté à l'installation progressive de la routine au bout, tout de même, de quarante ans de relation. Dans Sans Rendez-vous, Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste à Paris, lui donne quelques conseils pour éviter de voir la passion s'affaiblir dans les quarante prochaines années.

La question d'Hervé

"Avec ma femme, cela va faire quarante ans qu'on est ensemble. On a déjà vécu beaucoup de choses. Mais voilà, la routine s'installe et on n'aimerait pas que notre couple se déchire. Auriez-vous deux ou trois conseils à nous donner pour réinventer notre vie à deux ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Ce que je trouve formidable, c'est que la routine s'installe au bout de quarante ans. C'est super et c'est plutôt à nous de lui demander quelques conseils parce que la routine s'installe généralement beaucoup plus tôt. C'est assez naturel. Ce n'est pas un malheur, ce n'est pas une maladie. Tout simplement, nous n'avons de cesse de construire des codes et des habitudes sur lesquelles nous nous retrouvons, sur lesquelles nous nous complétons. Nous organisons donc notre vie dans le sens du confort et pas dans le sens de l'excitation, parce que l'excitation n'est pas confortable. C'est toujours de l'inconfort puisqu'il y a toujours le risque qu'il n'y ait pas de réponse à notre excitation. En général, nous nous organisons pour mettre du confort. Pour l'heure, déjà, félicitons Hervé !"

La routine fait partie de la vie, cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus de sentiment…

"Bien sûr. D'ailleurs, regardez combien nous installons nos enfants dans la routine par le biais des repas et des rituels de coucher. Cette routine qu'ils n'ont de cesse de vouloir bousculer, rester un peu plus tard devant la télévision, raconter une histoire supplémentaire, c'est bien sûr pour créer de nouvelles choses, mais ils sont dans le confort et la sécurité de savoir que les parents sont là. C'est absolument nécessaire. Ce n'est surtout pas une preuve de manque d'amour : les parents ne mettent pas au lit leurs enfants parce qu'ils ne les aiment plus et qu'ils veulent s'en débarrasser, mais parce qu'ils veillent sur eux et leur bonne santé.

Ce n'est pas une preuve de désamour. Simplement, ça attire l'attention sur la difficulté que nous avons de créer des choses, c'est-à-dire de sortir de nos propres habitudes, nos propres codes, de voir la vie autrement. J'avais prévu de manger le lundi des pâtes et tout d'un coup, je suis déstabilisé. J'avais projeté que j'allais manger des pâtes et ne pas manger des pâtes, c'est tout d'un coup un peu inquiétant. Manger un produit qu'on ne connaît pas, recevoir des gens qui s'invitent à la dernière minute… On a beau les aimer, cette petite bousculade est un peu dérangeante. Ça questionne cette capacité à nous déranger nous-mêmes."

Comment faire pour réinventer la vie à deux après 40 ans ?

"Évidemment, les conseilleurs ne sont pas les payeurs et il n'est pas question de s'approprier la vie des autres, comme d'ailleurs souvent dans l'amour ou dans la sexualité. Nous allons chercher au travers de la pornographie, au travers de l'histoire des voisins, ce qui pourrait tout d'un coup être un peu excitant, parce que les voisins se risquent à des aventures différentes des nôtres. Dans tous les cas, ça ne commence pas par l'autre. C'est comment, moi-même, je vais écouter mes propres envies. Qu'aurais-je envie de faire dans l'absolu ? Ça ne veut pas dire que j'en serais capable, mais qu'aurais-je envie de faire, de montrer à l'autre ?

Finalement, on a beau être ensemble depuis quarante ans, on s'est habitué à se montrer selon un certain angle et on ne se permet pas de déjouer l'idée que l'autre se fait de nous. On sait que je suis comme ça ou que j'aime faire ça, ou que j'aime telle ou telle condition et changer risquerait de déstabiliser l'autre qui pourrait se dire 'Mais qu'est ce qui te prend ?'.

Je crois qu'il faut oser se confronter à cette critique ou à cette interrogation parce qu'évidemment, ça voudra dire aussi assumer cette possibilité-là. Le premier des conseils que je pourrais proposer à Hervé, c'est justement de se dire non pas ce qu'il faudrait faire comme pour l'autoriser, mais qu'est-ce que lui n'ose pas faire, dire ou tenter de nouveau, quitte à se planter. Parce que c'est ça qui est intéressant, surtout quand ça fait quarante ans qu'on est ensemble. On peut le risquer."