Hakim se demande quel comportement adopter face à sa femme qui lui demande de lui serrer le cou pendant l'acte sexuel. 4:35
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Catherine Blanc , modifié à
Dans l'émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à un auditeur qui ne sait pas comment réagir face au désir de brutalité de sa femme pendant l'acte sexuel. 

Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyse Catherine Blanc donne ses conseils à Hakim, 41 ans, qui se sent gêné par une demande de sa partenaire. Celle-ci lui demande de l'insulter et de lui serrer le cou pendant l'acte sexuel. Pour la spécialiste, il est tout à fait sain de ressentir une telle gêne. Le comportement de sa femme peut s'expliquer par des actes de violence dans son passé ou par l'influence de la pornographie sur sa représentation des relations homme-femme. 

La question d'Hakim

Pendant que nous faisons l'amour, ma femme me demande de l'insulter et de lui serrer le cou. Cela me bloque et me perturbe. Comment réagir ?

La réponse de Catherine Blanc

Peut-être que sa femme s'est forgé l'idée que doit avoir la femme par rapport à l'homme à travers une éducation à la sexualité qui s'apparente à celle de la pornographie. C'est le cas quand de très jeunes femmes découvrent la pornographie. Elles se forgent une idée de la féminité, de l'intérêt que les hommes peuvent avoir pour elles, qu'à la condition d'être brusquée. Ce besoin de ressentir de la brutalité peut aussi s'expliquer par son histoire. Le rapport de son père avec sa mère était peut être violent verbalement ou physiquement. Elle même a pu être maltraitée verbalement. Le rapport à l'autre et l'excitation se noue finalement au travers de la violence. 

La réaction d'Hakim est-elle la bonne ?

En effet, sa réaction est plutôt saine car il ne veut pas faire de mal à cette femme qu'il aime et qu'il désire. Il a peur et ça le met mal à l'aise. Nous sommes tous animés d'agressivité, les hommes comme les femmes. Comme pénétrer, c'est pénétrer le corps de l'autre, dans l'imaginaire de l'individu, une certaine présence et brusquerie s'impose. Mais il ne faut pas qu'elle soit perçue comme une agressivité. Dans ce cas là, ce sentiment de malaise montre qu'il a peur que sa propre gestuelle puisse s'apparenter à quelque chose de violent, d'insultant, de dénigrant. Sa culpabilité vient le protéger lui-même et, au passage, protéger sa compagne. C'est plutôt extrêmement sain. 

Ce genre de comportement relève-t-il du sadomasochisme ?

Ce n'est pas ça le sadomasochisme. Mais on peut constater, dans ce cas précis, une expression sadomasochiste. Car ici, l'excitation passe par le fait d'être dominée par l'autre, assujettie et réduite. Cela pose la question suivante : qu'est ce qui, dans l'histoire de cette femme, lui a fait penser que ce comportement manifestait l'expression ou la liberté de sa sexualité ? Comme si dès lors qu'elle n'était pas insultée, elle devenait une vierge, quelqu'un à câliner et à aimer tendrement. Comme si la sexualité ne pouvait pas trouver un chemin dans cette relation de douceur et de bienveillance. 

Hakim peut-il accepter cette proposition ?

Soit on le fait naturellement parce que le couple y trouve son modus operandi, soit on cède au désir de l'autre. Mais dans le dernier cas, l'homme va voir peur, en y prenant un certain plaisir, de renvoyer une culpabilité à être agressif. L'homme est ainsi obligé de le faire en dosant. Or, plus il se regarde et se surveille, moins il a d'excitation. Il répond au désir de la femme sans pour autant pouvoir pleinement participer à l'acte sexuel avec elle.

Avant l'acte, il peut lui dire qu'il trouve ça curieux, que ce n'est pas son truc, qu'ils peuvent le faire une fois pour essayer. Si cette demande est systématique, il peut poser des questions à sa femme pour mieux comprendre l'origine de cette envie.