LA QUESTION SEXO - Ma copine veut faire l'amour debout mais je n'aime pas tellement ça

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Catherine Blanc , modifié à
Victor, auditeur d'Europe 1, est contrarié par la volonté de sa compagne de vouloir faire l'amour debout, un moment qu'il n'apprécie pas vraiment. La sexologue et psychanalyste Catherine Blanc lui répond dans l'émission "Sans Rendez-vous" et donne des clés pour comprendre ce fantasme d'un coït aux allures brutales.

C'est un exercice physique auquel Victor aimerait ne plus vraiment se soumettre : la compagne de cet auditeur d'Europe 1 lui demande de faire l'amour debout. Mais en raison de la praticité limitée de cette position, il aimerait ne plus y recourir. Dans l'émission Sans Rendez-vous, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc se penche sur cette différence de volonté à propos de ce fantasme, dont il faut absolument pouvoir rire au sein d'un couple.

La question de Victor

"Cela fait plusieurs fois que ma copine me demande de lui faire l'amour debout. C'était très excitant au début, mais c'est tout de même très physique et peu pratique. Est ce que je dois toujours céder à son envie ou lui dire que je n'apprécie plus tellement ça ?"

La réponse de Catherine Blanc

"C'est une position qui laisse à penser que c'est quelque chose d'imprévu. On coince quelqu'un, on le contraint, on joue à l'urgence, on joue à 'j'ai tellement envie de toi que je ne peux pas prendre le temps ni de me déshabiller, ni de me mettre dans un lit'. Il y a quelque chose qui rend compte de la sauvagerie et de l'urgence de témoigner de son désir. On la coince contre un mur, on lui relève sa jupe et, vite fait, même mal fait, on lui fait l'amour. Sauf que pour lui, c'est un peu plus compliqué. Dans les faits, ça marche très bien dans les films mais c'est un peu plus compliqué dans le réel.

Victor doit-il se contraindre à cette position ?

On ne va pas l'inviter à aller dans une salle de sport ! Ce qui n'a pas lieu d'être, c'est qu'il y ait de l'inquiétude. Elle a envie, on s'en amuse, on lui met un marchepied s'il le faut. C'est mécaniquement compliqué, même si c'est très glamour. Dans la réalité, il y a des hommes qui ont une érection vers la droite ou vers la gauche. Il faut donc savoir de quel côté on 'penche' pour savoir de quel côté aller. Ce n'est pas très simple.

Il y a bien sûr des positions plus simples. Debout, de face, ce n'est pas physiologique. Debout, de dos, c'est autre chose. Mais en l'occurrence, sa compagne n'est pas nécessairement dans l'envie que ça se fasse autrement que comme ça. Ça pose aussi la question de 'pourquoi je veux absolument une position qui ne fonctionne pas'. Si c'est pour avoir une idée que l'autre, c'est Hulk et que mon partenaire me soulève comme une plume, ça ne marche pas. Donc, il faut peut être un marchepied ou des appuis pour aider un peu.

Avant ça, on en rit. Dans la réalité, on essaie, on s'en amuse et puis après, on finit allongés par terre parce qu'on n'a pas besoin d'un lit. On n'est pas non plus obligés de rester en position verticale. Ça peut se terminer complètement avachis sur le sol, au pied de ce mur où il devait se jouer ce je-ne-sais-quoi. La sexualité doit rester un jeu et ça n'est pas une dictature d'un sexe sur l'autre, pas plus du masculin sur le féminin que du féminin sur le masculin.

Que signifie cette incompréhension systématique ?

C'est là qu'on pose la question 'est-ce que je ne veux pas justement faire ce qui ne fonctionne pas pour rendre à l'évidence d'une impossibilité de relation ?'. Ça l'arrangera de penser qu'il n'est pas à la hauteur, qui ne satisfait pas ses besoins, ses désirs, etc., mais elle se sera arrangée pour choisir exactement ce qui est inopportun entre eux.

L'emboîtement des corps oblige à prendre en compte la réalité des physiques de chacun. Avec un très grand et une toute petite, il y a des choses qui ne sont pas nécessairement très confortables. On peut voir qu'il y a des choses qui sont opportunes. On essaie, on se marre, on trouve que franchement, dans les films ils se foutent de nous parce qu'ils nous font croire que tout marche très bien. Dans les films, la femme est plaquée contre un mur et non seulement l'homme arrive à la pénétrer, mais la séquence suivante montre la femme enceinte.

Non, ce n'est pas comme ça que ça marche ! Tout ça, c'est de la fiction. On rêve de ces trucs qui sont des ponts rapides que nous avons entre un moment et un autre. La réalité est tout à fait différente et ça n'est pas un drame. Ce n'est ni un caprice auquel on se soumet, ni au contraire une autre dictature qui voudrait dire 'poupée, revient dans ce lit'."