LA QUESTION SEXO - Je n'ose pas prendre les devants pendant l'acte, dois-je réagir ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui n'ose pas prendre les devants en matière de sexe, craignant le ridicule et le regard de l'autre. Pour la spécialiste, certaines femmes attendent que leur partenaire trouve leurs désirs, leurs excitations, se laissant ainsi sexuellement guider.

Il est parfois compliqué d'assumer ses désirs et ses fantasmes pendant l'acte, de peur d'être jugé par son partenaire. C'est le cas de Magali, qui n'ose pas prendre les devants avec son mari. Pour Catherine Blanc, il est indispensable que chacun des partenaires puisse chercher intuitivement son désir, sans craindre le ridicule. 

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La question de Magali 

"Je n'ose pas prendre les devants. Je n'aime pas par exemple être au-dessus de mon mari pendant l'acte. Je crains le ridicule de ma posture, et le regard de l'autre. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc 

Prendre des initiatives, c'est se révéler dans ses désirs, dans son excitation, dans ses fantasmes sexuels. C'est beaucoup plus facile de suivre la danse proposée par l'autre. En faisant ceci, on reste caché dans sa propre fantasmatique.

Pourquoi certaines femmes comme Magali ont peur de prendre des initiatives ?  

D'abord, historiquement, une femme en désir était une prostituée. De fait, une femme bien n'était pas animée de désir, sinon celui de répondre aux désirs de son mari. C'est donc compliqué, d'un coup, d'être celle qui annonce une envie, une curiosité, une posture plus officiellement dominante. Ainsi, certaines femmes préfèrent rester dans l'attente que le prince charmant les révèle, en trouvant exactement ce qui est à l'origine de leur excitation.

Est-ce que ça ne serait pas aussi des femmes qui auraient peur de se montrer, qui seraient complexées par leur corps ? 

C'est aussi possible, mais je ne pense pas qu'il s'agisse de cela ici. Magali invoque la peur du ridicule. Elle convoque beaucoup de monde. Elle se sent ridicule comme s'il y avait tout un public qui allait la voir, juger de son attitude, de sa grimace, du son qu'elle émettrait ou de la maladresse de ses mouvements. C'est donc son propre jugement qu'elle projette sur son mari et tous ceux qui ne sont pas dans cette pièce, et qu'elle convoque de façon imaginaire.

Est-ce qu'on ne pourrait pas conseiller à Magali d'éteindre la lumière pour être plus tranquille avec son corps ? 

En effet, cela pourrait la libérer du regard, de la difficulté qu'elle a par rapport à son corps, et de l'idée que son mari la regarde. Mais pas de ce qui est à l'origine de son anxiété : l'idée qu'elle se fait d'être animée de désir, d'envie, de tester des choses de regarder des choses, d'être vue malgré tout. Mais éteindre la lumière, c'est peut-être une façon d'approcher petit à petit ce droit, cette liberté d'expression. 

Magali ne devrait-elle pas essayer quand même de prendre des initiatives ? 

Pour ce qui est d'être au-dessus de l'homme pendant l'acte, la pénétration est plus profonde dans cette position. La femme dispose d'une liberté de mouvement : pouvoir se pencher vers l'avant, l'arrière, monter, descendre... Cela donne la possibilité de se chercher, se fouiller, sans être fouillé par l'autre. C'est ça qui est intéressant : non pas parce que la position pourrait paraître plus dominante de l'homme, qui est à la merci des mouvements proposés. Mais pour se découvrir, chercher où est intuitivement son excitation, pour mettre ce pénis là où elle le désire. C'est une position très favorable au plaisir féminin.

Est ce que refuser cette position, c'est finalement accepter d'être passive durant l'acte et que l'homme soit actif ? Et donc accepter des rôles, la femme qui subit et l'homme qui domine ? 

C'est aussi excitant d'être passive : jouer la femme prise à son insu, c'est très excitant. Cela fait partie de la fantasmatique féminine, sans que ça ne réduise la femme à une soumise, face à un homme dominant dans l'absolu. Dans le cadre de la sexualité, on joue à ces choses là aussi sans que ça ne nous raconte dans notre posture sociale.

En restant dans cette position passive, elle prend le risque que l'homme ne choisisse que des positions qui lui plaisent à lui, sans penser au plaisir Magali ? 

Elle attend qu'il ait trouvé. Un peu comme un enfant qui éprouve de l'amour pour sa mère parce qu'elle sait avant lui ce qui lui fera du bien. Sauf que son mari n'est pas capable de définir cela. Nous avons tendance à entrer dans la vie d'adulte en définissant que l'autre nous aimera suffisamment le jour ou il aura trouvé ce que nous ne savons pas nous même, ce qui nous ferait du bien. Autant vous dire que c'est très compliqué.