LA QUESTION SEXO - Je ne parle jamais de sexe, cela ne m’intéresse pas : comment l’expliquer ?

Catherine Blanc répond à un auditeur qui se sent en décalage avec d'autres garçons car il n'est pas intéressé par le sexe.
Catherine Blanc répond à un auditeur qui se sent en décalage avec d'autres garçons car il n'est pas intéressé par le sexe. © Pixabay
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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans Rendez-Vous", sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à un auditeur de 20 ans qui se sent en décalage avec d'autres garçons de son âge. Il a l'impression de ne pas être intéressé par la sexualité.

>> Est-il "normal" de ne pas être intéressé par le sexe ? Dans l'émission "Sans Rendez-Vous", sur Europe 1, un auditeur s'inquiète de ne pas parler de sexualité comme les autres jeunes de son âge, car cela ne l'intéresse pas. Selon la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc, cela arrive que la sexualité ne soit pas la préoccupation première d'un jeune. Elle lui propose plusieurs pistes de réflexion. 

La question d'Alix, 20 ans 

Par rapport aux autres garçons de mon âge, je ne parle pas de sexe et n'y pense pas vraiment. J'ai l'impression que ça ne me branche pas plus que ça : suis-je normal ?

La réponse de Catherine Blanc 

"Bien sûr, on s'attend à ce qu'à 20 ans il soit particulièrement préoccupé voire obsédé par la sexualité. Mais cela arrive que ça ne soit pas la préoccupation principale, pour plein de raisons.

Nous ne pouvons pas savoir d'un point de vue hormonal où l'auditeur en est de son développement, parce que même si à 20 ans tout s'est bien développé, on n'a pas tous les mêmes vitesses, la même production de testostérone... Il y a des choses qui peuvent être différentes, à des rythmes différents : laissons le temps au temps, sans tout de suite penser à une pathologie.

S'il n'y a pas de retard de développement hormonal, on peut être inhibé du point de vue de la sexualité parce que c'est compliqué, parce qu'on ne sait pas quoi en faire et qu'il y a d'autres choses plus intéressantes. Certains ont un plaisir à découvrir le monde, développer leur intelligence, leurs capacités, à être ingénieur... Cela peut être un investissement très intellectuel, qui consiste à reporter le champ sexuel sur d'autres champs plus facilement maîtrisables ou excitants.

Cela peut poser aussi la question de la difficulté par rapport aux autres garçons à se retrouver dans ce même groupe : il y a peut-être une question de genre qui se pose, une inquiétude, un flottement dans la perception de soi-même et du groupe dans lequel on se reconnaît.

Enfin, il peut s'agir d'un garçon avec un QI au-dessus de la moyenne, qui a un cerveau qui a besoin d'être nourri sans arrêt, et qui, au milieu des jeunes hommes de son âge qui sont dans une aisance et une tranquillité corporelle et émotionnelle, se sent en difficulté sur ces deux champs parce qu'il préfère le monde de l'adulte et l'échange avec les adultes. Or, ces adultes ne sont pas objets de désir pour lui. Du coup cela décale son accessibilité à la sexualité.

Cette sexualité pourra peut-être s'épanouir un jour par le biais, non pas du "sexuel pur", mais d'une rencontre avec une personne en adéquation intellectuelle, de vue sur le monde, qui fera tout d'un coup la suite logique."