LA QUESTION SEXO - J'ai peur de perdre des sensations avec une circoncision

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Catherine Blanc
Damien appréhende la circoncision qu'il souhaite réaliser pour des raisons esthétiques. Dans son esprit, cela pourrait procurer moins de sensations qu'auparavant, voire occasionner un véritable raté. La psychanalyste et sexologue à Paris Catherine Blanc apporte des éléments de réponse à cette angoisse, dans l'émission Sans Rendez-vous, mercredi.

C'est une angoisse qui a progressivement émergé dans l'esprit de Damien, 39 ans : et si la circoncision qu'il envisage lui faisait perdre toutes ses sensations au niveau du pénis ? Pire, cela pourrait-il "rater" et conduire cet homme à regretter cette décision après-coup ? La psychanalyste et sexologue à Paris, Catherine Blanc, répond aux appréhensions de Damien dans l'émission Sans Rendez-vous sur Europe 1, mercredi.

La question de Damien, 39 ans

"Pour des raisons esthétiques, j'aimerais me faire circoncire, mais j'ai peur d'un raté, de perdre des sensations et au final, de regretter."

La réponse de Catherine Blanc

"C'est très différent quand on passe de l'un à l'autre, tout simplement parce que pour un homme qui n'est pas circoncis, le gland est complètement contenu par le prépuce. Dès lors que le prépuce n'est plus, puisqu'il est circoncis, toutes les sensations au quotidien sont bouleversées : le gland frotte contre les sous-vêtements et tous les mouvements sont particulièrement sensibles. C'est une sensation tout à fait nouvelle, jusqu'au moment où le corps s'habitue à ces nouvelles sensations.

Il ne s'agit pas de perte de sensations, mais de sensations nouvelles. Le gland, qui est la partie la plus sensible de l'appareil génital masculin, va découvrir d'autres sensations, mais pas dans la sexualité puisque dans la sexualité, de toute façon, le prépuce recule sur le corps du pénis. Donc, ce sont les mêmes sensations qui se produisent, sauf si on considère évidemment l'acte chirurgical et le regard que l'on porte sur soi-même. Là, c'est psychologiquement que l'on va pouvoir avoir des difficultés à venir, par angoisse de s'être scarifié ou abîmé, d'une certaine manière."

Pourquoi parle-t-il de raisons esthétiques ?

"Déjà, dans la pornographie, même si les sexes ne sont pas tous circoncis, comme ils sont toujours en érection, on ne les voit que comme ça. C'est exactement le même problème pour les femmes qui voient des sexes roses, maquillés parce que la peau de la vulve est une peau teintée. La pornographie a donné une image extrêmement standardisée de la sexualité, ce qui fait que la rencontre avec la réalité de son corps devient compliquée.

Évidemment, un sexe qui n'est pas en érection est un peu flasque avec un prépuce. Simplement, pour lui, peut-être que ça se rapproche plus de l'image qu'il se fait du sexe parfait. C'est peut-être une rencontre avec quelqu'un qui n'a jamais eu de relation avec quelqu'un qui n'est pas circoncis et qui dit 'je n'en ai pas l'habitude' ou 'c'est moins beau'. La peur d'un raté est un peu cette obsession de la chirurgie esthétique, sur toutes les parties de notre corps. On veut une image idéale de soi, mais on a peur que ça loupe. Donc, en fait, ça pose vraiment la question de la difficulté que nous avons à nous accepter. Car une fois qu'il est en érection, il est en érection, comme circoncis."

Pour une femme, est-ce que cela change quelque chose ?

"C'est exactement pareil pour elle. C'est vraiment encore une fois dans le fantasme que cela se joue, puisque les sensations au niveau du vagin ne sont pas suffisamment fortes pour pouvoir percevoir la différence entre circoncis et non-circoncis. Une fois qu'elle est pénétrée, de toute façon, ce prépuce se rétracte pour laisser au gland toute sa présence. Cela change pour tout ce qui est préliminaire, caresses, fellation, masturbation… Cela oblige à tenir compte de l'état du pénis, parce qu'un prépuce a en général un frein, à moins qu'il ait été rompu, et cela modifie la façon de toucher le corps de l'autre."