>> Au bout de trois semaines, le confinement peut commencer à peser lourd. C'est notamment le cas sur le plan sexuel pour des personnes qui se retrouvent cloîtrées chez elles seules, ou les personnes célibataires. Faut-il alors en profiter pour acheter un sextoy ? Dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1 ce jeudi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Emilie, qui hésite à franchir le pas.
La question d'Émilie, 36 ans
"Je suis célibataire, et pendant le confinement plusieurs copines m'ont conseillé de commander un jouet sexuel. J'hésite car je me dis qu'il ne sera utile que ce mois-ci. Qu'en pensez-vous ?"
La réponse de Catherine Blanc
C’est assez curieux que ce soit un conseil des copines, c’est-à-dire une projection de la sexualité des unes et des autres sur une qui n’a rien demandé. Il y a quand même cette idée assez curieuse qui se véhicule dans notre société aujourd’hui, qu’on ne peut pas faire sans la sexualité. On est passé de l’interdit total à l’impossibilité d’y résister. Évidemment, chacun fait ce qu’il veut avec son corps et acheter un sextoy n’est pas interdit, on peut d’ailleurs se le fabriquer, ça arrive beaucoup plus vite que par la Poste. Mais veillons à vivre ce qui nous raconte, et pas ce que la communauté semble dicter.
Le temps commence peut-être à être un peu long pour les célibataires ?
Quand nous sommes devenus pubères, nous n’avons pas sauté sur quelqu’un immédiatement. Il s’est passé des semaines, des mois, voire des années avant l’acte et pourtant nous étions dans le bain hormonal le plus intense et le plus propice à la sexualité. Comme quoi, nous pouvons y résister.
A-t-on forcément besoin d’un sextoy pour prendre du plaisir en solitaire ?
Les sextoys ont toujours existé depuis la nuit des temps, en acheter un est tout à fait possible, mais on peut aussi se faire du bien avec sa main ou ses pensées. Les femmes peuvent se mettre dans des états d’excitation extrêmement forts rien qu’avec des fantasmes et des scénarios. On n’est pas obligé de consommer du sextoy, de même que l’on n’est pas obligé de s’exciter pendant un temps où l’on n'est pas proche des autres.
Ça peut être aussi justement un moment d’exploration pour savoir enfin comment on fonctionne soi-même, vers quoi on peut s’amener sans être guidé par la relation à l’autre, et découvrir toutes les richesses de son sexe. Soyons imaginatifs, nos rêveries sont infinies ! Ne nous appliquons pas ce qu’a fait la voisine. Le but n’est pas de jouir du sexe symbolique, mais de ce qui nous fait jouir, et se permettre de pouvoir s’amuser de ce que l’on veut, sans en faire une obsession.