Sur les 600.000 tonnes de bitume nécessaires aux chantiers de nos routes d'ici l'hiver, il pourrait en manquer plus de 100.000. (Photo d'illustration) 1:30
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Théo Maneval, édité par Ugo Pascolo
Déjà ralenti par un approvisionnement difficile ces derniers mois, les travaux publics pourraient manquer de 100.000 tonnes de bitume d'ici l'hiver, notamment avec la fermeture de la plus grande raffinerie de France.

La pénurie de bitume menace-t-elle les travaux publics ? L'approvisionnement était déjà compliqué, mais là les professionnels du secteur alertent : après un début d'été déjà tendu, ils risquent de se retrouver à sec à cause de la baisse de productions de nos raffineries.

Une situation d'autant plus inquiétante que la plus grande raffinerie de France sera mise à l'arrêt totalement ce dimanche, pour des travaux de maintenance. Conséquence : des chantiers de routes bientôt à l'arrêt, et d'autres reportés dans certaines régions. "D'habitude, on appelle la veille pour le lendemain et on est livré. Là, il faut déjà attendre 48 heures pour avoir une réponse", témoigne Willy Wojciechowski, directeur d'une plateforme de travaux publics de l'Essonne. "On est inquiet de ne pas pouvoir maintenir l'activité, inquiet de pouvoir honorer les contrats en cours", ajoute-t-il. 

Une pénurie pendant le pic d'activité de septembre-octobre

Sur les 600.000 tonnes de bitume nécessaires aux chantiers de nos routes d'ici l'hiver, il pourrait en manquer plus de 100.000. Une situation qui arrive au plus mauvais moment, puisque les mois de "septembre et octobre représentent un pic d'activité très fort avant l'hiver", explique Pierre de Thé, de Routes de France. Un pic qui devrait même être plus élevé qu'à l'accoutumée en raison de la tenue des élections municipales en 2020 : "C'est une période durant laquelle les collectivités ont tendance à nous mettre une petite pression en plus pour terminer les travaux avant le scrutin", détaille-t-il. 

Et le problème, ce qu'il n'y pas de produit de substitution : il faudra donc faire avec cette pénurie. Ce qui veut dire repousser certains chantiers, et écoper de pénalités de retard, "15.000 euros pour quinze jours", glisse au micro d'Europe 1 Willy Wojciechowski. Sans compter les salariés mis en partie au chômage technique, faute de travail. Une situation inquiétante qui a d'ailleurs poussé le ministère des Transports à ouvrir une cellule spéciale pour suivre cette situation de près.