La natalité baisse en France, mais pourquoi ?

En deux ans, le nombre de nouveaux-nés est passé de 781.000 en 2014 à 747.000 en 2016.
En deux ans, le nombre de nouveaux-nés est passé de 781.000 en 2014 à 747.000 en 2016. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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T.M. , modifié à
D'après une étude de l'Ined publiée mercredi, le nombre de naissances a diminué de 4,5% entre 2014 et 2016. Si la crise économique fait partie des facteurs avancés, elle n'est pas le seul.

La France championne de la natalité, serait-ce fini ? Selon un bulletin de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publié mercredi, le taux de natalité hexagonal - nombre annuel de naissances divisé par l'effectif moyen de la population, quand la fécondité représente le nombre de naissances par femme - connaît une baisse notable depuis deux ans. En France métropolitaine, le nombre de nouveaux-nés est ainsi passé de 781.000 en 2014 à 747.000 en 2016, soit une baisse de 4,5%. Bien loin du pic de 802.000 atteint en 2010. Deux principaux facteurs peuvent expliquer cette décrue.

Moins de femmes en âge de procréer. D'abord, la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, qui a chuté de 1% en deux ans. "Cette baisse est due aux chiffres de la natalité, qui ont connu un creux il y a une trentaine d'années", explique Gilles Pison, professeur au Muséum d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Ined, joint par Europe1.fr.

Un indicateur de fécondité en baisse. Ce premier facteur n'a rien à voir, donc, avec la crise économique et la montée du chômage, contrairement à l'indicateur de fécondité, autrement dit le nombre moyen d'enfants par femme : de 1,97 en 2014, il est passé à 1,92 en 2015 et 1,89 en 2016, alors que le renouvellement d’une population est assuré quand le taux de natalité est de 2,1 enfants par femme.

Incertitude économique. Selon l'Ined, ce chiffre est directement lié à "l'incertitude économique face à l'avenir et à la montée du chômage". Preuve en est, selon l'institut, l'évolution observée dans les autres pays développés depuis 2007-2008. Aux États-Unis, par exemple, l’indicateur de fécondité, qui atteignait 2,12 enfants par femme au début de la crise en 2007, a reculé à 1,84 enfant en 2015, soit une baisse de 13 %. Les femmes britanniques, elles, font en moyenne 1,82 enfant en 2015 contre 1,96 en 2008 (-7%). La France s'inscrit dans la même tendance, même si la baisse y reste plus mesurée qu'ailleurs (moins 3,5 % entre 2008 et 2015).

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Les politiques familiales "ont amorti le choc". "Les politiques sociales et familiales ont amorti le choc de la crise", note à ce propos Gilles Pison. La France, tout comme le nord de l'Europe, bénéficie en effet de politiques familiales (allocations, offres de gardes d’enfants, congés parentaux) qui permettent aux femmes de concilier un enfant avec leur activité professionnelle. Malgré cette baisse de la natalité, la France est ainsi resté le pays le plus fécond de l'Union européenne en 2015, avec l'Irlande. Et devrait même maintenir son rang dans les années à venir.

" La crise ne réduit pas les naissances, elle les retarde. "

Un rattrapage à prévoir. "La crise ne réduit pas les naissances, elle les retarde. Les couples attendent des jours meilleurs et on a observé, les années passées, un rattrapage en sortie de crise. Il faut voir si le schéma va se répéter ou si on est dans une tendance nouvelle. Il est encore un peu tôt pour le dire", explique Gilles Pison. L'Insee paraît particulièrement confiant à ce titre : selon ses projections, l’indicateur de fécondité sera toujours de 1,95 enfant par femme en 2070. Ce qui ne suffit pas à calmer l'inquiétude de l'Union nationale des associations familiales, qui s'inquiète de cette baisse et de ses conséquences possibles sur la consommation et le système de retraites par répartition.