La Cour des comptes épingle la gestion du personnel pénitentiaire

Jean-Jacques Urvoas devra apporter des réponses aux problèmes soulevés avant le 23 mars.
Jean-Jacques Urvoas devra apporter des réponses aux problèmes soulevés avant le 23 mars. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
  • Copié
, modifié à
Dans un rapport déposé sur le bureau du garde des Sceaux, et que s'est procuré Le Monde, la cour des Comptes pointe de nombreuses dérives dans la gestion du personnel des prisons.

Prime illicite, absentéisme, cumul des heures supplémentaires... La Cour des comptes pointe dans un rapport non public la gestion coûteuse et inefficace du personnel pénitentiaire. Ce document, consulté par Le Monde, dénonce une série de points sensibles.

Trop d’heures supplémentaires. L’absence d’un dispositif permettant de gérer efficacement les personnels pénitentiaires est l’un des problèmes mis en évidence par le rapport. En effet, il n’existe pas de logiciel interne permettant de comptabiliser les horaires. Nombre d’agents cumuleraient les heures supplémentaires pour pouvoir se dégager plusieurs journées à passer en famille, souvent loin de leur lieu d’affectation.

Pas de contrôle des congés payés. Des pratiques illégales en ce qui concerne les rémunérations ont été révélées. Des heures supplémentaires et des jours de récupérations seraient touchés de manière "indue". De plus, les congés ne feraient l’objet "ni de comptabilisation, ni de contrôle", signale le rapport.

226 représentants syndicaux ne travailleraient pas. Un certain nombre de privilèges ont été accordés aux représentants syndicaux ces vingt dernières années. Ainsi, 226 agents ne passeraient pas une seule journée au travail. Ils profiteraient d’une décharge de service de 40%, liée à leurs activités syndicales, et cumulée à des autorisations d’absence. "Une situation étonnante", relève Le Monde, lorsque l’on sait que les prisons sont handicapées par l’insuffisance du nombre de surveillants. De plus, il existerait depuis 2005 des compensations financières "illicites" à l’attention des agents syndiqués, à hauteur moyenne de 2.668 euros.

La réponse du ministre. Le rapport souligne néanmoins qu’Isabelle Gorce, directrice de l’administration pénitentiaire, a entamé des démarches pour stopper ces pratiques, en particulier en ce qui concerne les primes. Sollicité par le quotidien, le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, n’a pas souhaité faire de commentaires. Mais le ministre, qui vient juste de succéder à Christiane Taubira, devra apporter ses réponses à la Cour des comptes avant le 23 mars.