Eva Darlan BERTRAND GUAY / AFP 8:22
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La comédienne Éva Darlan, invitée d’Europe 1 samedi matin, a vivement critiqué la politique menée par le gouvernement et par la ministre Marlène Schiappa pour lutter contre les féminicides.
INTERVIEW

Depuis le début de l'année, 73 femmes ont été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints. La comédienne Éva Darlan, engagée de longue date contre les violences faites aux femmes, a vivement critiqué la politique du gouvernement, samedi matin sur Europe 1. "On demande chaque jour au moins une prise de position ou une prise de parole de Marlène Schiappa (secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes). Elle vient de sortir un compte Twitter : ‘arrêtons les’. C’est-à-dire que dès qu’on voit une violence sexiste, il faut qu’on aille le dire sur Twitter. Mais elle se fout du monde ! Ce n’est pas ça qu’il faut faire", s'est-elle insurgée. 

"Emmanuel Macron, quand il est arrivé au pouvoir, a fait de l’égalité homme-femme la grande cause nationale de son quinquennat. C’est à mourir de rire, il ne s’est rien passé malgré nos interpellations quotidiennes à Emmanuel Macron, Édouard Philippe ou Marlène Schiappa. Il y a une petite accélération, mais ça ne veut pas dire que des choses seront faites. Trop, c’est trop !", a tonné Éva Darlan. 

Elle demande au gouvernement de débloquer un milliard d'euros 

Le monde politique et la société civile sont montés au créneau, ces derniers jours, pour appeler à prendre des mesures concrètes pour lutter contres les féminicides. 150 sénateurs ont alerté le gouvernement dans une tribune publiée vendredi dans Libération, tandis qu'un rassemblement est prévu samedi à 17h à Paris à l'appel d'un collectif de familles de victimes. Éva Darlan, de son côté, demande à l'exécutif de débloquer un milliard d'euros, à l'image de ce qui s'est fait en Espagne. 

"On a déjà demandé tant de choses qui n’ont jamais été faites. Avec Muriel Robin, nous avons rencontré le Premier ministre et Marlène Schiappa pour leur demander de mettre un milliard d’euros, comme cela a été fait en Espagne, où le taux de féminicide a été réduit de 40%", a-t-elle cité en exemple. "Édouard Philippe était très étonné, il a découvert la situation en arrivant à la mairie du Havre. On a eu l’impression de se faire rouler dans la farine. Marlène Schiappa a dit qu’elle a donné 120.000 euros au 3919, le numéro d’appel d’urgence. On demandait un milliard d’euros, et après tout le monde a regardé sa montre en disant qu’ils avaient d’autres rendez-vous. Il n’y a eu aucune suite à ce rendez-vous", s'est désolée la comédienne. 

"Il faut une formation de tous les métiers de loi"

Éva Darlan a évoqué d'autres pistes, comme la création de maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violences conjugales, ou une formation obligatoire pour "les métiers de loi". "Il faut la création de maisons d’hébergement dans l’urgence. Quand une femme échappe aux mains de son bourreau, où va-t-elle ? Il faut qu’elle soit hébergée quelque part. Il faudrait aussi l’obligation d’un bracelet électronique pour ces messieurs, pour être certain qu’ils ne reviennent pas, avec mesure d’éloignement", a-t-elle estimé. 

"Enfin, et surtout, il faut une formation nationale et obligatoire de tous les métiers de loi, que ce soit la police, la gendarmerie, les avocats et les magistrats, pour savoir ce qu’on fait avec tous ces femmes qui portent plainte. En gros, tant que vous n'êtes pas mortes, vous ne pouvez pas porter plainte. Il y a des gens formidables, mais la plupart de celles qui sont mortes avaient déjà porté plainte. Comment se fait-il que la police, qui est censée nous protéger, ne soit pas intervenue et ait laissé ces femmes se faire assassiner ?", s'est demandée Éva Darlan.