Justice : un procès requis pour deux avocats soupçonnés d'avoir produit des faux

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Deux avocats parisiens sont soupçonnés d'avoir produit des faux pour innocenter un narcotrafiquant (Illustration). © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP
Le parquet de Paris a requis un procès en correctionnelle pour deux ténors du barreau soupçonnés d'avoir produit de faux documents lors d'un procès fin 2018 pour tenter, en vain, d'innocenter un narcotrafiquant européen, a-t-on appris samedi. Les deux avocats encourent cinq ans de prison.

Le parquet de Paris a requis un procès en correctionnelle pour deux ténors du barreau soupçonnés d'avoir produit de faux documents lors d'un procès fin 2018 pour tenter, en vain, d'innocenter un narcotrafiquant européen, a-t-on appris samedi de sources proches du dossier. Dans ses réquisitions en date du 8 décembre dont l'AFP a pu obtenir des éléments, le ministère public demande que Mes Joseph Cohen-Sabban et Xavier Nogueras soient jugés pour "complicité de tentative d'escroquerie au jugement" et "violation du secret professionnel".

"La conscience de participer à une entreprise frauduleuse"

Au terme de près de trois ans d'instruction, les deux avocats sont soupçonnés d'avoir eu "la conscience de participer à une entreprise frauduleuse" visant à innocenter Robert Dawes, un des principaux narcotrafiquants européens. Le parquet a également requis un procès pour ce Britannique, notamment pour "tentative d'escroquerie au jugement". La décision finale sur un procès revient à la juge d'instruction en charge du dossier, Aude Buresi.

L'affaire a débuté par le procès aux assises en décembre 2018 à Paris de Robert Dawes, accusé d'avoir importé de 1,3 tonne de cocaïne en 2013 à bord d'un vol Air France Caracas-Paris. Il sera condamné à vingt-deux ans de réclusion criminelle. A l'ouverture des débats, ses avocats avaient produit plusieurs documents qui présentaient comme illégale une écoute téléphonique capitale pour l'accusation. "Pourquoi ce n'est pas au dossier ?", avait tonné Me Cohen-Sabban.

Les deux avocats encourent cinq ans de prison

Avec ses confrères Mes Xavier Nogueras et Hugues Vigier, l'avocat avait pilonné la procédure et réclamé le renvoi du procès. Mais la cour avait écarté ces documents, qualifiés de "faux". Une information judiciaire sera ouverte en mars 2019. Pour l'accusation, si Robert Dawes a depuis sa cellule "déterminé la stratégie (...) visant à produire des pièces de procédure falsifiées", les deux avocats, qui encourent cinq ans de prison, ont eu un rôle "au-delà de la désinvolture ou de l'aveuglement: une volonté de ne pas voir" la tentative de fraude en cours.

"En aucun cas Me Nogueras n'a participé aux faits de complicité de tentative d'escroquerie au jugement et il n'a violé aucune règle déontologique", ont répondu ses conseils, Mes Matthieu Chirez et Hervé Temime. "Après quarante-quatre ans d'exercice professionnel sans une ombre, je n'allais pas mettre en cause ma sécurité personnelle et juridique au milieu d'une affaire de cette ampleur. Quand j'ai vu qu'il y avait un problème, j'ai jeté ce qu'il m'était demandé de produire", s'est défendu auprès de l'AFP Me Cohen-Sabban.