Jour J de l'Euro : la contestation sociale se cristallise dans les transports

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Des cheminots en grève. © JEFF PACHOUD / AFP
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avec AFP , modifié à
Vendredi, alors que le Stade de France reçoit la première rencontre de l'Euro, le trafic des RER va être perturbé. Samedi, ce sera au tour d'Air France.

Au jour J de l'Euro de foot, la fronde sociale contre le projet de loi Travail se cristallise dans des secteurs clés, laissant présager de grosses perturbations dans les transports, notamment dans la capitale malmenée par la grève des éboueurs, tandis que les initiatives disparates se multiplient.

Les principales infos à retenir :

  • La SNCF a enregistré vendredi 7,1% de grévistes
  • Qatre TGV sur 5 et 7 TER sur 10 sont annoncés
  • De samedi à mardi, Air France assurera 70 à 80% de ses vols pour cause de grève de ses pilotes

À la SNCF, un 10e jour de grève. Malgré un accord, mardi, consacrant le régime de travail actuel à la SNCF, la grève lancée par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et FO (non représentatif) pour défendre les conditions de travail des cheminots et demander le retrait du projet de loi travail, a été reconduite vendredi pour une dixième journée par une grande majorité d'assemblées générales. Elle était encore suivie vendredi par 7,1% des grévistes, toutes catégories confondues, les plus mobilisés restant les conducteurs et les contrôleurs.

Alors que des milliers de supporters sont attendus vendredi soir au stade de France pour le match France-Roumanie, des perturbations sont annoncées sur les RER B et D, qui le desservent. La SNCF a prévu d'assurer des navettes fréquentes entre Paris et le stade. "S'il faut utiliser les réquisitions (de conducteurs de trains, ndlr) demain, nous le ferons", a prévenu le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies en écartant toute nouvelle négociation avec les cheminots.

Vendredi, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a cependant indiqué que les militants du syndicat avaient reçu une consigne pour que "tous les supporters puissent accéder au stade de France ce soir". Le responsable a également assuré que la CGT-cheminot avait proposé à la direction de conduire les rames "sur le créneau horaire du match (...) s'il y a(vait) des problèmes d'effectifs". Mais la direction leur a répondu qu'il n'y aurait "pas de problème, ça se passera bien". A 18h, la SNCF prévoyait un RER B sur deux entre les stations Gare du Nord et Aéroport Charles de Gaulle/Mitray Claye, et 4 trains sur 5 entre Gare du Nord et Saint-Rémy Lès Chevreuse. Sur le RER D, la SNCF prévoit un train par-demi-heure au départ et à destination d'Orry la Ville ou Creil et un train toutes les 15 minutes au départ et à destination de Villiers le Bel. 

En moyenne, seuls 1 Transilien et RER sur 2 sont prévus (normal sur RER A), idem sur Intercités. Par ailleurs, quatre TGV sur 5 et 7 TER sur 10 sont annoncés.

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Chez Air France, 70 à 80% des vols assurés. Loin de la fronde contre la loi travail, les pilotes d'Air France sont eux aussi appelés à déserter leurs cockpits au moment de l'Euro, de samedi à mardi pour défendre l'emploi et leurs conditions de rémunérations. La compagnie, qui recense 25% de grévistes, prévoit d'assurer plus de 80% de ses vols samedi. Elle estime le coût de la grève entre 5 et 6 millions d'euros par jour.

Léger mieux sur les poubelles. A quelques heures du début de l'Euro de football, des camions-bennes de la mairie de Paris sillonnaient vendredi la capitale pour évacuer les tonnes de déchets accumulées depuis le début de la grève des éboueurs, même si le retour à la normale n'est pas pour tout de suite.

Éboueurs, agents territoriaux, chauffeurs de camions-bennes en grève perturbent depuis plus de dix jours les principaux sites de la région parisienne dont le plus important, Ivry-sur-Seine/Paris 13, en grève continue depuis douze jours, qui traite d'habitude 1.800 tonnes d'ordures ménagères par jour. Jeudi, les personnels et agents de la Ville de Paris qui bloquent cette usine d'incinération ont décidé de reconduire leur grève jusqu'à mardi, journée de manifestation nationale contre la loi El Khomri. Des blocages temporaires continuent dans trois autre sites parisiens, où les piquets de grève ont été délogés par les forces de l'ordre à plusieurs reprises. Des blocages touchent aussi Marseille (Fos-sur-Mer), l'Ariège, les Hautes-Pyrénées.

La collecte des poubelles, très perturbée à Paris où les ordures ont commencé à s'amonceler dans une dizaine d'arrondissements, risque d'être encore ralentie par la grève massive des chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la Ville de Paris. La mairie a annoncé le "redéploiement" du dispositif de collecte en faisant appel à des entreprises privées.  

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© JOEL ROBINE / AFP

Grève suspendue à la raffinerie Total de Donges. Pilier de la contestation, le personnel de la majorité des terminaux a reconduit mercredi sa grève pour 48 heures et perturbe depuis 18 jours l'approvisionnement des raffineries et des aéroports parisiens. Depuis le 27 mai toutefois, un service minimum, sur injonction du Premier ministre, est assuré par 17 cadres qui travaillent et dorment sur place. Ils assurent le pompage dans des réservoirs de stockage pour alimenter en brut la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, et en kérosène et gazole les aéroports.

La grève contre la loi Travail a en revanche été suspendue jusqu'à mardi à la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) par moins de 200 salariés - sur les 650 que compte la raffinerie - qui assistaient à une assemblée générale, a-t-on appris vendredi auprès de la CGT. Le redémarrage des installations devrait commencer à partir de 21h vendredi, a-t-on appris de même source.

Blocages. Les opposants multiplient les blocages temporaires de routes, ports, écluses, perturbent la distribution du courant, ont bloqué les accès au marché de Rungis, le port de Lyon, des voies ferrées à Annecy, Toulouse, Saint-Nazaire, le périphérique nantais... Dans l'énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production jeudi, et la CGT, qui a appelé ses militants à amplifier le mouvement, revendique avoir basculé plusieurs centaines de milliers de compteurs en heures creuses.