Jonathan vit en ermite dans la forêt : "C’est la vraie liberté"

  • Copié
Léa Beaudufe-Hamelin
Jonathan vit seul, sans eau courante ni électricité, dans un chalet au cœur d’une forêt depuis quinze ans. Pour lui, cette vie est synonyme de bonheur et de liberté. Au micro de Sabine Marin, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Jonathan raconte sa vie au milieu de la forêt et des animaux qui l’habitent.
TÉMOIGNAGE

Cela fait quinze ans que Jonathan vit seul au milieu de la forêt dans un chalet en bois qu’il a construit lui-même. Il n’a ni électricité, ni eau courante. Il utilise un groupe électrogène pour s’éclairer, puise l’eau d’une source pour sa toilette et cultive ses légumes lui-même. Quand ça ne va pas, il se promène dans la forêt alentour et observe les animaux qui y vivent. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Jonathan dit être très heureux et raconte son quotidien retiré du monde.

" J’ai une vie à part des autres. Je vis dans un chalet en bois au milieu d’un bois, dans le Centre-Val de Loire. Ça fait 15 ans que je vis comme ça. Je vais très bien. Je n'ai pas d'eau et pas d'électricité, je ne suis pas raccordé. J’ai une source d’eau pour me laver, pour le linge et la vaisselle. L’eau potable, je l’achète en magasin. Pour l’électricité, j’ai un groupe électrogène qui recharge les batteries, pour m’éclairer et recharger mon téléphone. 

" La radio, Europe 1, m'accompagne "

Je n’ai pas internet. Tout va bien. J’ai une télévision avec un lecteur DVD qui fonctionne sur batterie. Je ne la mets en route que le weekend. Sinon la semaine, c’est la radio, Europe 1, qui m'accompagne. Je suis jardinier. Les clients viennent me chercher pour aller travailler chez eux, parce que je n'ai plus de voiture depuis trois ans. Je m’en passe très bien. Je vais faire les courses une fois par mois. 

Je n'ai pas de réfrigérateur. En ce moment, j’ai le plus grand frigo du monde. Quand il fait froid, c'est nickel. Au printemps et en été, c'est le bazar. Je mange plus de crudités, des tomates et des salades, qui viennent du jardin. J'ai un potager et un coin verger. Je ne mange pas que ça évidemment. Je mange de la viande. J’ai beaucoup de boîtes de conserve et de bocaux. J'ai fait une cave, c’est pas mal pour conserver. 

" Je suis très heureux "

Mes parents vivaient dans une maison en dur, comme tout le monde. Mon père était ouvrier forestier bûcheron. J'allais souvent en forêt avec lui. Dès que j'arrivais en forêt, je construisais une cabane. Ma vie allait être en forêt. Avant, je vivais dans un corps de ferme, une maison en dur, mais ça ne m’a jamais plu. Je vis sur une propriété d'un hectare. Je suis très bien comme ça. Je suis très heureux. Moi, il ne faut pas me mettre en ville. Je n'ai pas vu passer les deux confinements. Ça ne change rien pour moi.

Je vis seul. J’ai trois chats. Je n’ai pas froid. J’ai une cuisinière à bois. Actuellement, il fait 25°C chez moi. Je n'ai pas grand, j’ai 20 m2. Ça me suffit pour moi tout seul. Il y a des gens qui vivent en maison, qui ont tout le confort et qui sont déprimés. J’ai des copains. Il y en a qui se demandent comment je fais, mais la majorité dit que c'est bien, surtout avec les problèmes qu'il y a maintenant. C’est la vraie liberté. Les premières maisons autour de chez moi sont à 400 mètres, mais en face de chez moi, il y a une forêt de 4.000 hectares. 

 

Il y a beaucoup de gens qui ne voudraient pas vivre comme je vis, parce qu’il leur faut Internet. Il y a des gens qui m'ont trouvé bizarre de vivre comme ça. Mais au premier confinement, certains m'ont demandé s’ils pouvaient venir chez moi, mettre des toiles de tente dans mon jardin. Je devenais intéressant d’un coup. Je leur ai dit de ne pas apporter leurs microbes chez moi. Je suis bien chez moi tout seul. Actuellement, les gens se plaignent. Moi, je ne me plains pas de comment je vis. Je n’ai pas tout le confort. Le confort, je n’en veux pas.

Quand ça ne va pas, je vais faire un tour en forêt. Je pars le matin, je rentre le soir. Je vais voir mes animaux. Il y a beaucoup de sangliers et de chevreuils. Je ne suis pas chasseur. Je chasse avec les yeux. Je n'aime pas voir les animaux accrochés à un tableau de chasse, ça me plait pas. Je préfère les voir courir. J’ai approché des sangliers de très près, à moins de 10 mètres. Je n’avais pas peur. Ce sont eux qui ont peur. On voit beaucoup de renards et des blaireaux de temps en temps. Tout va bien dans ma vie. "