#Jesuisbacon : "notre rapport avec la viande est profond et inconscient"

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La classification des viandes rouges comme "cancérogènes" par l'OMS a déclenché un tollé révélateur sur les réseaux sociaux. 

#Jesuisbacon. Sitôt dévoilé le rapport de l'OMS classant la "viande rouge" comme "cancérogène", le hashtag mi-ironique, mi-indigné circulait abondamment sur les réseaux sociaux. Pourquoi les débats autour de la viande nous crispent-ils ? Europe 1 a posé la question à Marylène Patou-Mathis, docteur en préhistoire, directrice de recherche au CNRS et auteure de "Mangeurs de viande : de la préhistoire à nos jours".

Quand l'Homme a-t-il commencé à manger de la viande?

Il y a 2,4 millions d’années, l’Homo habilis se nourrissait déjà de petites proies. Ensuite, l'Homo ergaster et l'Homo erectus ont acquis la capacité de chasser et de capturer du gros gibier. L'ombre des chasseurs-cueilleurs originels est toujours là.

Qu'est-ce que cette étape a-t-elle changé ?

L'introduction des protéines animales a été un moment important de l'histoire de l'humanité : cela a permis aux hommes de développer leur cerveau. Et puis, pour se procurer de la viande, il leur a fallu chasser, organiser des coopérations, partager le gibier… Bref, évoluer.

Comment expliquer ces réactions très vives au rapport de l'OMS ?

Ce n'est pas conscient mais notre rapport avec la viande est profond, très profond et complexe. Pour certains, ne pas manger de viande est "contre nature". Il faut dire qu'il y a un héritage culturel de la consommation de viande. A la différence de l'Inde, nous ne sacralisons pas les animaux. Dans la Bible, les animaux sont domestiqués… et mangés. Plus récemment, en Occident, si on ne mangeait pas de viande, c'est que l'on était pauvre.

Il y a aussi l'idée que l'on a toujours consommé de la viande et que l'on est toujours là.