"Beaucoup de gens s'affolent" : à Longué-Jumelles, la possible privatisation d'un hôpital divise

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François Coulon, édité par Antoine Terrel , modifié à

Dans le Maine-et-Loire, l'hôpital de Longué-Jumelles, surendetté, pourrait être racheté par un groupe privé. 

À l'hôpital de Longué-Jumelles, les quelque 80 fonctionnaires sont inquiets. Surendetté, l'établissement de cette commune du Maine-et-Loire pourrait être racheté par un groupe privé gérant une soixantaine d'Ehpad, "Le Noble Age". Une perspective qui effraie les salariés, ces derniers redoutant notamment une hausse des tarifs pour les patients ainsi que la perte de leur statut de fonctionnaire. 

"J'ai vraiment très peur", confie Corinne, aide-soignante depuis 20 ans, au micro d'Europe 1. "On ne sait pas sous quels conditions on va être repris, si ils garderont nos statuts de fonctionnaires". Et d'ajouter : "Un établissement privé avec du fonctionnaire à l'intérieur, je ne sais pas comment ça peut fonctionner". 

"Beaucoup de gens s'affolent"

Autre inquiétude provoquée par cette éventuelle privatisation qui serait inédite en France : une hausse des tarifs pour les résidents. "On est à 62 euros par journée. Ça pourrait monter à 67 voire plus si c'était privatisé. Beaucoup de gens s'affolent et pensent à chercher ailleurs", explique à Europe 1 Nathalie Harrault, déléguée CGT, avant de s'interroger : "Où vont aller ces gens là".  

Du côté de la mairie, la privatisation reste pourtant la meilleure solution pour régler la situation de l'hôpital. "Dans le contexte actuel, l'issue n'est plus publique, elle est privée", estime auprès d'Europe 1 le maire sans étiquette Frédéric Mortier. "On va retrouver des médecins parce qu'ils seront privés et qu'on sera en capacité à aller les chercher, ce qu'on a plus aujourd’hui avec l'hôpital public". "Nous sommes beaucoup aujourd'hui à aller nous soigner dans des cliniques privées, et je ne crois pas que le service soit moins bien rendu", ajoute l'élu. 

"Moderniser l'hôpital, ce n'est pas le céder au privé"  

Des explications qui ne convainquent pas Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France. "Je comprends parfaitement les inquiétudes", réagit-il au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d'Europe 1. Selon lui, "transformer un service public et le confier à un opérateur privé est une ineptie", et est une conception de l'offre de santé "contraire à ce que le gouvernement affiche comme volonté de moderniser l'hôpital public". Et de conclure : "Moderniser l’hôpital, ce n'est pas le céder au privé".  

Pour l'hôpital de Longué-Jumelles, la situation devrait bientôt se décanter. L'ARS tranchera à la fin du mois entre "Le Noble Age" et l'autre candidat à la reprise, le CHU d'Angers.