Jade pratique le rugby et est victime de remarques et de préjugés sexistes dans le sport. 5:05
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Clémence Olivier
Jade pratique le rugby depuis deux ans et est victime de remarques sexistes. Mardi, au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1, elle raconte sa lutte pour venir à bout des clichés que subissent les femmes dans le sport. 
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Depuis son plus jeune âge Jade, 20 ans, est victime de remarques et de préjugés sexistes. Des attitudes qu'elle a subi pendant sa scolarité lors des cours de sport mais aussi dans la cour de récréation quand l'envie lui prenait de taper dans le ballon avec ses camarades garçons. A l'âge de 18 ans, quand elle décide de pratiquer le rugby, elle ressent encore davantage cette discrimination. Mardi, au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1, elle raconte combien le sexisme imprègne la société quand il s'agit de sport et comment elle lutte pour en venir à bout.

"Le sexisme dans le sport c'est quelque chose que je connais depuis longtemps. Déjà dans la cour de récréation à l'école, il fallait aller chercher la balle quand les garçons jouaient au football, jamais ils ne me la passait. Pendant les cours de sport, c'était pareil. Généralement les profs estiment que les garçons sont forcément forts et les filles moins bonnes et il faut s'en cesse faire ses preuves. 

Pendant plusieurs années, j'ai fait de la gymnastique et de l'athlétisme. Je n'ai jamais été remise en cause dans ma légitimité à pratiquer ces sports car ils sont perçus comme mixtes. En revanche, c'était très différent quand j'ai commencé à pratiquer le rugby à l'âge de 18 ans. Souvent avec mon équipe on se prenait des remarques quand on prenait le métro parce que l'on était en shorts, que l'on avait des crampons, de la boue sur les genoux. Souvent on entendait : 'Vous faites du rugby, mais ce n'est pas un sport de femmes, ça va déformer votre corps" ... C'était assez violent.

 

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix et Eve Roger sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Un jour, on fêtait une troisième mi-temps et l'on buvait des bières avec mes co-équipières, on chantait et une femme s'est agacée de nous voir ainsi : "Les femmes maintenant elles font tout comme les garçons, elles jouent au rugby, elles boivent des bières", avait-elle lancé. A ce moment-là, je me suis sentie comme une femme qui faisait du sport et pas seulement comme une sportive. Et je me suis rendue compte que je devais faire de la sensibilisation en permanence. Souvent je rappelle que nous n'avons pas besoin de peser 120 kg pour faire du rugby, que l'on peut à la fois mettre des jupes et jouer au rugby. C'est une lutte en dehors du terrain. 

Jade a alors décidé de s'engager dans une association qui promeut le rugby féminin, "Passe au large"...

Cette association fait venir chaque année une équipe d'Amérique latine pour jouer des tournois internationaux et féminins de rugby en Europe. Avec ce projet, on fait confiance aux femmes, on leur dit qu'elles méritent d'être représentées à l'international, qu'elles peuvent jouer à l'international, qu'elles ont le droit d'être visibles et reconnues partout. Je pense que ce genre d'association contribue énormément au développement du sport féminin mais aussi à la mise en confiance des femmes dans la société de façon plus générale.