Jacqueline Sauvage, symbole des violences conjugales, est morte à 72 ans

Jacqueline Sauvage Handout / TF1 / AFP
Jacqueline Sauvage est morte à l'âge de 72 ans. © Handout / TF1 / AFP
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Jacqueline Sauvage, cette femme devenue un symbole de la lutte contre les violences conjugales, est morte la semaine dernière à l'âge de 72 ans. Elle avait été condamnée à dix ans de réclusion pour avoir tué son mari violent, avant d'être graciée en 2016 par François Hollande.

Elle était un symbole populaire de la lutte contre les violences conjugales. Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent en 2012 avant d'être graciée par François Hollande quatre ans plus tard, est morte à l'âge de 72 ans. L'information, révélée par le quotidien régional La République du centre, a été confirmée mercredi à Europe 1. "C'était un combat majeur, le point commun de toutes les femmes victimes de violences conjugales qui s’en sortent. La résistance de Jacqueline Sauvage a traversé le pays", a salué l'une de ses avocates, maître Nathalie Tomasini. 

Selon La République du centre, Jacqueline Sauvage est morte la semaine dernière, le 23 juillet dernier, à son domicile de La Selle-sur-le-Bied, dans le département du Loiret. "Le paradoxe, c’est qu’elle est partie sans bruit. Alors qu’on retiendra de cette affaire Sauvage un grand chaos, mais qui j’espère aura fait avancer les choses", a poursuivi Nathalie Tomasini. 

Condamnée à dix ans de réclusion

L'histoire de Jacqueline Sauvage a ému pendant des années de nombreux Français. Le 10 septembre 2012, cette femme battue pendant des années tue son mari violent en lui tirant trois coups de fusil dans le dos. Deux ans plus tard, en 2014, elle est condamnée à dix ans de réclusion par la cour d'Assises du Loiret. Durant le procès, ses trois filles, violées et battues par leur père, témoignent à charge contre lui. "Notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement", déclare l'une d'elles, violée à l'âge de 16 ans. Le fils a également subi les violences de son père et s'est suicidé la veille du jour où Jacqueline Sauvage a tiré sur son mari.

En décembre 2015, la cour d'assises du Loir-et-Cher confirme en appel la condamnation à dix ans de prison. Dans les jours qui suivent, de nombreux Français et de nombreuses personnalités se mobilisent pour réclamer la grâce présidentielle. Un comité de soutien est ainsi créé en janvier 2016 avec la maire PS de Paris Anne Hidalgo, l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit et le dirigeant du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon pour réclamer sa "libération immédiate". Et de nombreux artistes, de Muriel Robin à Eva Darlan, joignent leur voix dans les médias en faveur de Jacqueline Sauvage. 

Graciée en 2016 par François Hollande

Face à cette vague populaire, le président Hollande accorde une grâce "partielle" qui permet à Jacqueline Sauvage de présenter une demande de libération conditionnelle. Mais le tribunal d'application des peines la refuse, lui reprochant "de ne pas assez s'interroger sur son acte". Finalement, après une nouvelle mobilisation populaire et de sa famille, le président François Hollande accorde une grâce totale à Jacqueline Sauvage le 28 décembre 2016. Mais cette décision aura été loin de faire l'unanimité, notamment auprès des magistrats. 

Jacqueline Sauvage restera tout de même un symbole populaire, et elle racontera son histoire dans un livre, Je voulais juste que ça s'arrête. Un téléfilm, "Jacqueline Sauvage, c'était lui ou moi", avec Muriel Robin, avait connu un immense succès en octobre 2018, avec près de 8 millions de téléspectateurs. 

Réécoutez l'émission "Hondelatte raconte" consacrée à Jacqueline Sauvage :