Interdiction des portables à l'école : la loi va-t-elle vraiment changer le quotidien des élèves ?

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Virginie Salmen et Marthe Ronteix , modifié à
Les téléphones portables seront proscrits des établissements scolaires pour que l'école "reste une île de protection, d'égalité, destinée aux apprentissages". Une interdiction qui est surtout symbolique.

Maternelle, primaire et collège… Les téléphones portables vont être bannis des écoles par la loi, comme l'ont décidé les députés qui examinaient le projet de loi sur l'"encadrement de l"utilisation" du téléphone, jeudi. Mais cela va-t-il réellement changer le quotidien des établissements ?

Vers une interdiction totale. Jusqu'à présent, il y avait dans chaque collège des zones où les téléphones portables étaient interdits comme les salles de classe, les couloirs, le réfectoire ou encore la cour. Ce projet de loi instaure la logique inverse : l'interdiction sera la règle.

Les smartphones pourront cependant être autorisés lors de certains cours et uniquement à des fins pédagogiques. Actuellement, 50% des collèges autorisent les téléphones portables dans leur règlement intérieur tandis que l'autre moitié les interdisent, selon le ministère de l'Éducation nationale.

"Des jeunes ensemble sans portable, ça existe". C'est le cas du collège de Plouasne, dans les Côtes d'Armor, qui promeut des activités variées pour occuper les élèves. "Les élèves jouent un peu à l'ancienne", détaille le principal Yves Koziel au micro d'Europe 1, jeudi. "Il y a un stade donc ils jouent au ballon, au basket, au foot… Il y a un foyer avec des baby-foot. Le midi, il y a des associations, du tricot, des arts du cirque, du foot… Il n'y a pas besoin des portables !"

"Notre mission, c'est de leur offrir des activités sur le temps du midi surtout dans un collège rural parce qu'ils arrivent à 97% par les transports le matin donc ils sont coincés ici toute la journée jusqu'à 17 heures. Des jeunes ensemble sans portable, ça existe", conclut-il.

Au collège Debussy, dans le 15e arrondissement de Paris, les portables sont déjà interdits un jour par semaine, le lundi. C'était dur au débout, mais finalement on voit que les élèves se retrouvent et jouent entre eux. On voit réapparaître des jeux de cartes et les élèves communiquent davantage", assure le principal de l'établissement, Éric Lathière.

Une forme de sensibilisation. Ce texte est donc moins un apport juridique d'un signal politique envoyé aux familles. "Il est indispensable que l'école reste une île de protection, d'égalité, destinée aux apprentissages et à la socialisation des enfants", peut-on lire dans la la proposition de loi.

Une sanctuarisation de l'école qui fait écho aux diverses études qui mettent en garde les jeunes contre les dangers de l'addiction au portable. Cela peut empêcher les jeunes gens d'avoir une vie sociale réelle, de développer certaines compétences comme la capacité de concentration ou encore de mener à une sensation de manque s'ils en sont privés.

Éviter une source de conflits. Cette interdiction est également une façon d'éviter des conflits inutiles. Selon les chefs d'établissements, 30 à 40% des sanctions sont liées à des d'incidents à cause d'un portable. Cela peut aller d'une bagarre entre collégiens à un l'élève qui insulte un professeur qui lui a confisqué son téléphone. Quant à l'amendement qui prévoyait d'interdire le téléphone aussi aux professeurs, il devrait être retiré selon la rapporteure du texte, ne serait-ce que pour donner l'alerte en cas d'urgence… En revanche, les professeurs pourront confisquer les portables des élèves contrevenants à cette interdiction.