INFORMATION EUROPE 1 - La mortalité néonatale ne baisse pas en France

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Mélanie Gomez, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
En France, le nombre de nourrissons qui meurent dans le mois suivant leur naissance n'a pas baissé depuis 2010. Dans ce domaine, la France se classe au 23ème rang d'une enquête européenne réalisée dans 28 pays révélée lundi par Europe 1.
INFO EUROPE 1

Les chiffres concernant la mortalité néonatale en France, c'est-à-dire les décès des bébés dans le premier mois qui suit leur naissance, sont mauvais. Sur les 28 pays analysés dans l'enquête européenne Euro-Peristat, coordonnée par l'Inserm et dont Europe 1 vous révèle les résultats en exclusivité lundi, la France se classe au 23ème rang.

"C'est littéralement la honte." La France, dont on dit souvent qu'elle a le meilleur système de santé au monde, se retrouve donc presque dernière, juste devant la Bulgarie, la Pologne ou encore la Roumanie, en ce qui concerne le taux de nourrissons qui décèdent. "C'est littéralement la honte", confie un chef de service de gynécologie d'un grand CHU français. Et ce qui serait le plus énervant c'est surtout, que nous sommes le seul pays d'Europe qui ne progresse pas.

INFORMATION EUROPE 1 - La mortalité néonatale ne baisse pas en France

Cette enquête a lieu tous les cinq ans. Et depuis 2010 chez nous rien n'a bougé. A côté, d'autres pays comme les Pays-Bas ou l'Angleterre se sont améliorés. Et nous, sur ce critère de la mortalité des bébés avant un mois, on est passé de la 17ème à la 23ème place ! En réalité, heureusement, ce sont des chiffres qui restent assez bas. Cela concerne un peu plus de 2 naissances sur 1.000.

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Plusieurs hypothèses expliquent ces chiffres. Mais pourquoi y en a-t-il plus en France qu'ailleurs ? Selon Béatrice Blondel de l'Inserm, l'une des hypothèses qui n'explique pas tout, c'est que certains parents, même quand leur fœtus est condamné, préfèrent aller jusqu'à la naissance : "Est-ce qu'il y a eu un changement d'attitude des parents dans les situations d'interruption médicale de grossesse, qui préfèrent avoir un enfant né vivant et qui décédera, dans un décès accompagné, dans les heures qui suivent la naissance ?"

Autre hypothèse, les médecins chez nous préfèrent ne pas faire d'acharnement thérapeutique sur les très grands prématurés, donc on les laisse partir. Dans d'autres pays, on essaye de les sauver à tout prix, malgré, parfois, de lourds handicaps. Enfin, certains médecins évoquent bien sûr un manque de moyens humains ou encore des problèmes d'organisation des soins. Mais pour pointer du doigt le vrai coupable, il faudrait surtout mettre de l'argent sur la table, pour analyser ces résultats plus en détail, et réaliser d'autres études plus précises sur les causes des décès de ces bébés.

C'est ce qu'a fait la Grande-Bretagne, suite à ses mauvais résultats dans l'enquête de 2010. Les pouvoirs publics ont lancé un grand programme baptisé "Each Baby Count" (chaque bébé compte) pour analyser les causes de mortalité infantile et agir. Depuis, leurs chiffres se sont améliorés.

Du positif quand même dans cette enquête. Dans cette enquête, il y a aussi des critères sur lesquels on n'est pas si mauvais. Étonnamment, sur le taux de césariennes, alors que l'on entend souvent que la pratique est trop répandue en France. Finalement, avec 20,2% de césariennes, la France se situe au 7ème rang sur 28. Un taux stable depuis 2010, là où d'autres pays ont beaucoup augmenté. L'Italie est plus mauvais élève avec 35%.