INFO EUROPE 1 - Beauvais : ce qui a poussé le gouvernement à fermer la Grande mosquée

Un intervenant dans la Grande mosquée de Beauvais est mis en cause dans un document des services de renseignement (Illustration).
Un intervenant dans la Grande mosquée de Beauvais est mis en cause dans un document des services de renseignement (Illustration). © AFP
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Il défendait le "djihad" comme un "devoir" et présentait les terroristes comme des "héros". Alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi avoir "enclenché" la procédure de fermeture de la Grande mosquée de Beauvais, un document des services de renseignement consulté par Europe 1 cible un intervenant présenté comme un imam, qui serait à l'origine de prêches radicaux dispensés dans la mosquée.

Une décision forte qui mérite des justifications. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi matin avoir "enclenché" la procédure de fermeture administrative de la Grande mosquée de Beauvais, en raison de la radicalités des prêches qui y sont donnés. Et selon un document des services de renseignement qu'Europe 1 a pu consulter, les prêches dispensés par E. L., une personne présentée comme un intervenant occasionnel mais qui serait un imam de cette mosquée, valoriseraient le djihad comme étant un "devoir".

L'importance de "protéger la religion" selon cet intervenant

Cet intervenant glorifierait également les combattants, qualifiés de "héros", qui ont pour objectif de protéger la religion musulmane, une religion menacée par les sociétés occidentales, selon cet imam. L'intervenant mentionné dans ce document des services de renseignement insisterait aussi sur l'importance "d'obéir à Allah, pour lequel il faudrait être prêt à mourir".

Dans ses prêches, l'intervenant emprunte des références historiques pour justifier ces prises de position radicales, sans jamais recontextualiser les événements. Ainsi, le 30 avril 2021, lors d'un exposé sur la bataille de Badr, remportée par les arabes musulmans en 624, l'imam en question avait tenu des propos radicaux. "Eux, c'étaient des gamins mais c'étaient des hommes. Nous, nos hommes, c'est des gamins. On a nos héros. Ces jeunes-là, leur souci, c'était de protéger la religion", aurait-il affirmé face à des enfants.

La promotion du djihad auprès d'enfants

Le même jour, l'intervenant E. L. aurait répondu à une question sur les femmes, où il aurait affirmé que le djihad est "un devoir" selon le document. "Les femmes, elles n'ont pas de djihad à faire, c'est-à-dire par les armes, particulièrement offensif, sinon défensif bien sûr en attaque elles doivent se défendre. Mais offensif, à la base, les femmes, elles n'ont pas ce devoir, parce que oui c'est un devoir", relate le document des services de renseignement.

Peu après, le 25 mai 2021, l'imam aurait fait l'éloge du djihad armé auprès d'un enfant. "Ils s'en fichent de la mort, ces musulmans (...). Ils sont prêts (...) pour rencontrer Allah (...). T'as peur de quoi en fait, tu fais ce qu'Allah t'a demandé, les ordres qu'il t'a demandé. T'auras pas peur de mourir, t'auras pas peur de mourir, quel que soit le temps de la mort, tu t'en ficheras parce que tu es prêt".

Ce jour-là, l'intervenant aurait ensuite insisté sur le caractère actuel de cette position, qui s'appuie sur des références historiques. "C'est ça qui fait peur aux ennemis de l'islam. À cette époque-là et encore aujourd'hui en fait", aurait-il ajouté. Ici, l'imam fait du djihad une des valeurs de l'islam.