Incendies dans la "Jungle" de Calais : la préfète parle de "tradition", les associations furieuses

© AFP
  • Copié
Pour expliquer les incendies qui ont embrasé la "Jungle" de Calais dans la nuit de mardi à mercredi, la préfète du Pas-de-Calais a évoqué "une tradition de la population migrante". 

C'est une explication qui en a dérouté plus d'un. Dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs incendies ont été observés dans la "jungle" de Calais, qui est en cours de démantèlement. Si un seul migrant a été légèrement blessé après l'explosion de bouteilles de gaz consécutives aux incendies, la cause de ces feux est toute trouvée pour la préfète du Pas-de-Calais. Il s'agit "d'une tradition de la population migrante de détruire leur habitat avant de partir", a assuré sur BFMTV Fabienne Buccio. Les associations sur le terrain elles s'étranglent et récusent toute tradition.

Ce qu'il s'est passé. Dès le début de soirée, plusieurs incendies ont été allumés au sein du bidonville mais ces derniers se sont "intensifiés entre minuit trente et trois heures du matin, notamment dans la 'zone des commerces'" à l'entrée du camp, selon la préfecture. 150 à 120 migrants ont dû être évacués, notamment des Afghans et des Syriens qui ont été pris en charge par des associatifs et une infirmière présents sur les lieux. A noter que les incendies ont repris mercredi matin. 

"Une tradition de la population migrante" selon la Préfecture. Sur BFMTV, la préfète du Pas-de-Calais a donc affirmé que ces incendies étaient le fait "d'une tradition de la population migrante". "Les chefs de la communauté nous avaient dit : 'Quand on s'en va, on nettoie en mettant le feu'". Contactée par Europe 1, la préfecture confirme les dires de Fabienne Buccio : "c'est une habitude qu'ils ont et que nous avions anticipée".

Cette anticipation a, selon la préfecture, permis la mobilisation des équipes de pompiers et de policiers très en amont. "Des messages" aux représentants des communautés sont aussi passés lors de maraudes, et la destruction des tentes et des abris doit permettre de circonscrire les départs de feu.

"C'est honteux ". L'explication donnée par la préfecture peine en tout cas à convaincre les associations sur le terrain. Ces dernières sont furieuses. "Je ne comprends pas ces propos, je suis choqué et surpris", réagit Vincent de Coninck, chargé de mission au Secours Catholique du Pas-de-Calais. "Cela fait six ans que je suis là et jamais un exilé ne m'a dit : 'quand on part, on met le feu'". Pour ce dernier, "ces feux sont avant tout l'expression d'une souffrance et d'une colère, ils sont contraints à partir, être expulsé est une forme de violence en soi".

"C'est honteux de dire des choses pareilles", renchérit François Guennoc, de l'association L'Auberge des Migrants. "Soit ils le font parce qu'ils sont en colère soit c'est une question de dignité et ils se disent : 'je préfère brûler ma maison plutôt que ce soit les forces de l'ordre'". Pour le responsable, il n'est pas non plus évident que les migrants en soient à l'origine : "ça peut-être des mineurs, des adolescents qui s'amusent ou des gens extérieurs". "J'ai absolument aucun élément pour trancher tout comme la préfète qui a inventé ça!", dit-il, avant de lâcher : "ça sert à décrédibiliser ces migrants qui ne sont pas des sauvages, je rappelle qu'ils sont issus de la classe moyenne ou supérieure dans leur pays d'origine".