Ils ont fondé une communauté catholique laïque : "Notre vie est centrée sur Dieu"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Alain a toujours été croyant. Après avoir été directeur de la communication d’une banque, chanteur dans un groupe de musique chrétien et fondateur d’une maison d’édition, lui et sa femme Danielle ont fondé une communauté catholique laïque. Au micro d’Olivier Delacroix, il retrace sa vie consacrée à Dieu.
TÉMOIGNAGE

Alain et sa femme Danielle ont fait le choix de mener une vie monacale. Ensemble, ils ont fondé la Fraternité Sainte Croix, une communauté catholique laïque. Ils vivent au rythme des offices et des prières, et accueillent régulièrement des laïcs pour des séances de méditation et des retraites. Si Alain a toujours été croyant, il n’a d’abord pas mené cette vie. Il raconte à Olivier Delacroix son parcours dicté par sa foi, de directeur de la communication d’une banque à la vie monastique, en passant par la chanson et l’édition.

Quand il avait 23 ans, Alain a demandé Danielle en mariage le jour-même de leur première rencontre : "Quand elle m'a dit oui, je lui ai répondu : ‘J'accepte à condition qu'on cherche Dieu ensemble.’" Son épouse s’en souvient : "Quand il m’a dit : ‘Oui, mais à une condition’, j’ai trouvé qu’il était gonflé quand même ! Il m’a demandé que l'on cherche Dieu ensemble. Je me suis dit que c’était une question très intéressante. C’est le genre de question que je ne m'étais jamais posé. Je me suis dit que cette quête de Dieu était importante. C’est comme ça que j'ai accepté."

Alain livre son regard sur le mariage : "Pour moi, c'était une évidence que l'on ne pouvait construire quelque chose de durable qu’à partir du moment où ça ne reposait pas sur nous, mais sur quelque chose de plus grand que nous. C'est très présomptueux de croire que le sentiment qu'on a pour quelqu'un suffit à durer toute une vie. En plus, maintenant, on vit ensemble longtemps avec les difficultés de l’âge. On a vraiment intérêt à ce que cet amour soit construit sur quelque chose de profond et que cet amour puisse se développer et grandir. Ça, je pense que c'est inhumain. Je pense que c'est divin."

" Nous avons un contrat de mariage qui stipule que nous cherchons Dieu ensemble "

Alors qu’Alain menait une carrière fulgurante, occupant d’abord un poste de directeur de la communication dans une banque, puis travaillant dans un grand quotidien, il a été brutalement licencié en 1981. Il confie y avoir vu un signe de Dieu : "Instantanément, plus de secrétaire, plus de responsabilités, plus rien. La honte. Les gens vous fuient parce qu'ils ont peur d'être dans la charrette. Sauf que vous, vous êtes prévenu et blindé et vous savez que l'avenir va se jouer maintenant. On va faire quelque chose d'autre. 

Sur le chemin du retour, en traversant un passage clouté, j’ai eu une intuition. Le Christ, lui aussi, avait traversé un passage clouté. Je devais composer des chansons dans lesquelles il y avait ce type de clin d'œil. Je ne jouais plus de la guitare depuis longtemps. Je me suis dit que j’allais chanter ma foi. Je n'ai pas pris la décision. J'ai eu l'intuition à ce moment-là. Je n'ai jamais rien fait de grave engageant notre famille sans l'accord de ma femme. Nous avons un contrat de mariage qui stipule que nous cherchons Dieu ensemble. Notre vie est centrée sur Dieu. Les décisions se prennent à deux, même à trois, avec le Seigneur."

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Alain a alors monté un groupe de musique pour chanter sa foi. Il a sillonné la France et s’est produit à l’Olympia. Après la scène, il est revenu dans le monde des affaires en devenant éditeur : "Passer de l'un à l'autre, c'est une rupture aux yeux du monde. En réalité, pour moi, ce n'est pas une rupture, parce que c'est toujours le même employeur. C'est le Christ. En fin de compte, c'est toujours la réalisation d'une intuition. Je pense que Dieu met en nous l'essentiel de ce que sera notre vie."

" On a investi tout ce qu'on avait mis de côté pour notre retraite "

C’est un an plus tard qu’Alain et Danielle ont pris la décision de s’engager dans la vie monacale et ont fondé la Fraternité Sainte Croix. Alain a alors abandonné son poste de PDG : "C'est un poil plus calme, mais les journées sont très remplies" plaisante-t-il. Pour héberger la fraternité, le diocèse leur a prêté une maison, dans laquelle le couple a réalisé de nombreux travaux : "De l'extérieur, la bâtisse était bien, mais il y avait 400 m2 à refaire, dont l’eau et l’électricité" explique Danielle.

Alain poursuit : "L'engagement est total. Le diocèse nous a laissé la maison pour 20 ans, charge à nous de tout payer. L'évêque nous a dit : ‘Je ne veux pas que cette maison me coûte quoique ce soit.’ L'Église n'est pas riche de toute façon. On s'interrogeait avec Danielle. On avait pu mettre un peu d'argent de côté pour nos vieux jours. On a tout de suite compris à quoi ça allait servir. On a déjà largement payé 20 ans de loyer, mais on a investi. On a pris un risque à la fois monumental et pas énorme. On a investi tout ce qu'on avait mis de côté pour notre retraite."

" La foi, c'est rendre visible des choses invisibles "

Alain a donc mené sa vie selon sa foi, de son mariage à sa vie professionnelle, jusqu’à la création de cette communauté catholique laïque. Il partage sa définition de la foi : "Dans l'épître aux Hébreux, au chapitre 11, verset 1, il est dit que la foi est la ferme espérance des choses et la preuve des réalités qu'on ne voit pas encore. La foi, c'est vraiment quelque chose sur laquelle on peut baser sa vie. C'est quelque chose de concret. C'est rendre visible des choses invisibles."