"Il faut faire de la Convention citoyenne pour le climat une troisième assemblée républicaine"

Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel, était l'invité dimanche d'Europe 1.
Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel, était l'invité dimanche d'Europe 1. © AFP
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Laetitia Drevet
Invité d'Europe 1 dimanche, Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel, appelle à "déconfiner politiquement la France". Il estime nécessaire de remédier aux différents "problèmes de structure de la Ve République", en donnant davantage de pouvoir aux citoyens, et en faisant du Premier ministre le véritable chef de file de la politique de la nation, à la place du président. 
INTERVIEW

"Les citoyens ne sont nulle part dans les institutions, alors qu'ils sont partout dans la société." Pour Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel, il est grand temps que la France donne au peuple plus de pouvoir. Dans une tribune au Monde publiée cette semaine, il appelait à "déconfiner la France politiquement". Invité dimanche d'Europe 1, il propose notamment de "créer, à côté des deux chambres, une assemblée des citoyens dotée d’un pouvoir délibératif, et d’avoir un président qui préside et un Premier ministre qui gouverne".

"S'appuyer sur la Convention citoyenne pour le climat"

Au micro d'Europe 1 Dominique Rousseau, appelle à "s'appuyer sur la Convention citoyenne pour le climat", et à en faire une troisième assemblée républicaine. "L'Assemblée nationale ne représente pas les citoyens, elle représente la nation. Et le Sénat représente les territoires. Cette troisième assemblée serait composée à la fois de citoyens tirés au sort, et des 'forces vives de la nation', des citoyens en contact avec la réalité quotidienne des entreprises, des écoles, de la ruralité... Ces citoyens-là ne sont pas présents dans les institutions."

Dominique Rousseau estime par ailleurs nécessaire de remédier au "problème de structure" de la Ve République. "Tout au long de son histoire, il y a eu des problèmes entre les présidents successifs, et leurs Premiers ministres. Entre De Gaulle et Pompidou, Pompidou et Chaban-Delmas, Mitterrand et Rocard, Sarkozy et Fillon, Hollande et Valls...", énumère-t-il. Pour résoudre ces oppositions, il estime nécessaire que le Premier ministre endosse davantage de responsabilités. 

"Il faut faire du président de la République une autorité morale"

"Il faut faire du président de la République une autorité morale, qui fera ce que la Constitution lui demande de faire : veiller au fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Le Premier ministre et son gouvernement seront alors à la tête de la politique de la nation", propose-t-il. 

Autre réforme nécessaire pour "déconfiner politiquement la France" : la suppression du Conseil d'Etat. Il s'explique dans Le Monde : "Ceux qui traitent le contentieux administratif ne sont pas des juges formés par l’Ecole nationale de la magistrature mais par l’ENA. Ce qui faisait dire à Michel Debré (1912-1996) : 'La magistrature administrative n’existe pas ; il y a seulement des fonctionnaires administratifs qui occupent des fonctions de juges'."