Hervé, victime de casseurs lors de la dernière mobilisation des "gilets jaunes" : "J'ai tout perdu, je vais licencier deux personnes"

Les deux camions de l'entreprise d'Hervé ont brûlé, samedi dernier lors de l'acte 4 des "gilets jaunes". (Image d'illustration)
Les deux camions de l'entreprise d'Hervé ont brûlé, samedi dernier lors de l'acte 4 des "gilets jaunes". (Image d'illustration) © Bertrand GUAY / AFP
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Hervé, 54 ans, a vu son entreprise partir en fumée, samedi dernier à Paris, en marge de l'acte 4 des "gilets jaunes". Il a fait part au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, de son émotion et de son indignation.
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"Je n'en peux plus, j'ai tout perdu." Il y a un an, Hervé, 54 ans, ouvrait son entreprise de jardinerie-paysagerie, à Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne. Samedi dernier, son monde s'est effondré lorsque des manifestants présents lors de la mobilisation des "gilets jaunes" ont mis le feu à ses deux camions. "Je ferme ma boîte. C'est fini. Je vais licencier deux personnes", a-t-il déploré sur Europe 1, mercredi, la voix chevrotante.

L'étonnement, la colère, puis l'indignation. "Je ne peux pas dire que c'est la faute des 'gilets jaunes', je peux les comprendre. Mais ce soir (mercredi soir), c'est fini", a sangloté l'entrepreneur au micro de Matthieu Belliard. "On avait laissé les camions chez un client à Paris", raconte-t-il. "Quand je suis arrivé dimanche, j'ai vu la catastrophe. Je n'en revenais pas… Je suis passé de l'étonnement à la colère, puis à l'indignation maintenant." Car le drame n'est pas uniquement matériel, il est aussi humain : ses deux employés vont en effet se retrouver au chômage.

Entendu sur europe1 :
Que voulez-vous que je fasse ? Je ne peux même pas faire d'emprunt

"L'assurance va me rembourser 'peanuts'". "Je suis désespéré, parce que j'ai des gars qui travaillent avec moi qui étaient très, très bien, qui étaient des grands pros, et je suis obligé de les licencier… Je n'ai plus d'outils, plus de camions, je ne peux plus rien faire", poursuit-il, avant de préciser qu'il a déjà entamé les démarches auprès des assurances. Mais l'espoir de remettre une entreprise sur pied est infime. "Les camions étaient d'occasion, l'assurance va me rembourser 'peanuts'. Les outils, pareil. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne peux même pas faire d'emprunt."

>> De 17h à 20h, c’est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1.

"Pour moi, ils se trompent de cible". Si Hervé critique évidemment les débordements dont il a été victime, Hervé n'entend pas néanmoins accabler tous les "gilets jaunes". "Ils ont une manière de manifester qui me semble un peu dépassée. Pour moi, ils se trompent de cible en allant taper sur des petits comme nous. Mais je peux les comprendre. Et on ne peut pas mettre un policier ou un gendarme devant tout le monde, ils ont autre chose à faire…", concède-t-il.

Si l'impact de la casse et des pillages est encore difficile à chiffrer au niveau national, Hervé cite le cas du frère d'un de ses clients, propriétaire d'une clinique ophtalmologique : "Ils ont cassé toutes ses machines. Il en a pour 3 millions d'euros de réparations…"