Hébergement d'urgence : "non, les migrants ne chassent pas les SDF"
La directrice générale du Samu social de Paris est revenue sur l'explosion de la demande d'hébergements d'urgence.
"Résumer l’explosion de la question des sans-abri à la question des migrants, c’est extrêmement réducteur", a expliqué mercredi Christine Laconde dans Europe Midi. Face à la baisse des températures et à la pénurie des places d’hébergement, la directrice générale du Samu social de Paris a tenu à l’affirmer : "non, les migrants ne chassent pas les SDF", comme on le lit ou on l’entend parfois. Cette hausse du nombre de sans-abri est également l'un des effets de la crise, en France et dans les pays du sud de l'Europe, qui poussent certaines personnes à quitter l'Espagne et l'Italie, souligne-t-elle.
Une demande qui a presque doublé en dix ans. "C’est sûr qu’il y a une explosion de la demande", a-t-elle reconnu, citant une étude de l’Insee selon laquelle la demande d’hébergements d’urgence à Paris a augmenté de 80% entre 2001 et 2012. "Elle a permis de mettre sur le devant de la scène l’extrême précarité d’une partie des migrants en France, en partie à Paris. Ce n’est pas un phénomène nouveau." Le Samu de Paris estime avoir besoin immédiatement de "plusieurs centaines de places complémentaires " pour les sans-abri parisiens. Ces places nécessaires peuvent se trouver à Paris ou en dehors, car il y a une saturation de l’espace dans la capitale , selon Christine Laconde.
Une réponse "insuffisante". "En 2015, il y a eu une hausse de 30% par rapport à 2014 des demandes non pourvues", c’est-à-dire des personnes qui ont demandé une place sans l’obtenir, ajoute-t-elle. Avant de préciser : "les pouvoirs publics ne restent pas les bras ballants. Il y a objectivement plus de places qu’avant, même si la réponse est insuffisante par rapport à l’explosion de la demande". Près de 2.000 places supplémentaires ont été créées depuis la première évacuation du camp de réfugiés du boulevard de la Chapelle en juin 2015, avance-t-elle. Les sans-abri ont besoin d’hébergements d’urgence supplémentaire, mais aussi de dispositifs "adéquats", pour les femmes et les SDF âgés notamment.