Hautes-Alpes : quatre militants en garde à vue après l'entrée de migrants en avril

gendarmerie de Briançon crédit : Capture d'écran Google Street View - 1280
Les quatre militants ont été convoqués à la gendarmerie de Briançon © Capture d'écran Google Street View
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avec AFP
Quatre militants du collectif "Tous migrants" sont entendus sous le régime de la garde à vue mardi à Briançon, dans les Hautes-Alpes, dans le cadre de l'enquête sur l'entrée en France d'une vingtaine de migrants en avril dernier.

Quatre personnes ont été convoquées mardi matin à la gendarmerie de Briançon (Hautes-Alpes) dans le cadre de l'enquête sur la marche du 22 avril qui avait permis l'entrée en France d'une vingtaine de migrants, a constaté un correspondant de l'AFP.

Entendus sous le régime de la garde à vue. Selon le collectif "Tous Migrants" qui vient en aide aux réfugiés dans la région, quatre militants - une femme et trois hommes de 20 à 50 ans - dont deux membres de son conseil d'administration, sont entendus sous le régime de la garde à vue pour "aide à l'entrée irrégulière" d'étrangers "en bande organisée". Une centaine de sympathisants se sont rassemblés pour les soutenir.

Déjà une procédure en cours pour cette marche. Trois militants - une Italienne, un Suisse et un Belgo-Suisse âgés de 23 à 27 ans - sont déjà poursuivis dans cette affaire. Ils avaient comparu le 31 mai devant le tribunal correctionnel de Gap mais leur procès avait été renvoyé au 8 novembre dans l'attente d'une décision du Conseil constitutionnel.

Des poursuites malgré le "principe de solidarité". Celle-ci a été rendue le 6 juillet : les Sages ont affirmé qu'une aide désintéressée au "séjour" irrégulier des étrangers ne saurait être passible de poursuites au nom du "principe de fraternité". En revanche, l'aide à "l'entrée" irrégulière reste illégale. "Nous refusons cette stratégie de division.

Les différentes pratiques de solidarité répondent toutes à la même nécessité", souligne le collectif "Tous migrants". "J'ai la conscience tranquille, je n'ai rien à me reprocher, on a juste aidé des personnes, le principe de fraternité n'a pas de frontières", a déclaré Benoit, 48 ans, un des militants convoqués, avant d'entrer dans la gendarmerie. Pour Me Yassine Djermoune, un avocat des mis en cause, les militants y voient "une tentative d'intimidation".

Une marche pour protester contre les provocations de "suprémacistes". Le 22 avril, près de 150 militants antifascistes avaient franchi la frontière franco-italienne par les pistes de ski du col de Montgenèvre avec une vingtaine de migrants africains. Après de brefs heurts avec les forces de l'ordre, le cortège avait rejoint Briançon sous escorte. Pour le collectif, cette manifestation "pacifique" répondait "spontanément" aux "provocations haineuses et dangereuses d'un groupuscule suprémaciste ayant bloqué depuis la veille le col de l'Échelle".

Blocage d'un point de passage de migrants. Le 21 avril, une centaine de militants d'extrême droite de Génération identitaire, agissant sous la bannière du mouvement "Defend Europe", avaient bloqué ce col frontalier voisin pour marquer leur hostilité à l'entrée de migrants.

Les jours suivants, ils avaient mené des "patrouilles" dans les vallées de la région, agissements qui font l'objet d'enquêtes diligentées par le parquet de Gap mais aucune poursuite n'a encore été engagée. "Je regrette que ce ne soient pas les mêmes mesures pour Génération identitaire", a déclaré une autre avocate des militants pro-migrants placés en garde à vue, Me Cécile Faure-Brac.