«Hans Asperger était complice du programme nazi visant à tuer des enfants» : pourquoi le terme de "syndrome d'Asperger" disparait

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Europe 1 Studio , modifié à
ENTRETIEN EXCEPTIONNEL - Des révélations sur le sombre passé de Hans Asperger, le psychiatre autrichien qui a donné son nom au syndrome d'Asperger,  entraînent aujourd'hui un retrait du terme. Explications dans "Au coeur de l'Histoire" avec Edith Scheffer, une historienne américaine qui est l'une des seules à s'être penchée sur le sujet des origines de l'autisme.
PODCAST

Pour la première fois dans le podcast “Au Cœur de l’Histoire”, l’historienne Virginie Girod reçoit l'historienne Edith Sheffer, en duplex depuis les Etats-Unis, pour parler du psychiatre autrichien Hans Asperger. Edith Sheffer est chercheuse associée à l’université de Berkeley en Californie, et autrice du livre "Les enfants d’Asperger". Elle est l’une des rares à avoir travaillé sur le sort de ces enfants.

En France, 700 000 personnes seraient concernées par les troubles du spectre autistique. Et l’un de ses troubles est appelé “le syndrome d’Asperger”, en référence au psychiatre autrichien Hans Asperger. Ce psychiatre exerce dans les années 1940, en Autriche, alors que le pays vient de se faire annexée par l’Allemagne. Ses travaux de recherches sont alors influencés par l’idéologie eugéniste nazie.

"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio. 

- Ecriture et présentation : Virginie Girod 

- Production : Camille Bichler (avec Florine Silvant)

- Direction artistique : Adèle Humbert et Julien Tharaud 

- Réalisation : Clément Ibrahim 

- Musique originale : Julien Tharaud 

- Musiques additionnelles : Julien Tharaud et Sébastien Guidis 

- Communication : Kelly Decroix 

- Visuel : Sidonie Mangin

Pendant la Seconde guerre mondiale, Asperger rejoint le Spiegelgrund, un établissement pédiatrique, qui devient le second plus grand centre d'euthanasie du Reich. Parmi les patients d’Asperger, certains souffrent de troubles autistiques, d’autres présentent des handicaps moteurs ou physiques, mais d’autres sont simplement des enfants turbulents ou insolents.

Après les avoir diagnostiqués comme “autistes”, Hans Asperger décide de leur sort. Certains sont “dignes de vivre”, et d’autres, non. “La différence, est qu’il y avait des enfants qui pouvaient être éduqués et d’autres qui ne pouvaient pas l’être.”, explique Edith Sheffer. Au total, 789 patients internés au Spiegelgrund sont tués entre 1940 et 1945. Leur mort de ces enfants est camouflée : les certificats de décès présentent, pour la grande majorité, la mention de pneumonie, qui est en réalité causée par une surdose d'ingestion de barbituriques. Pour l’historienne Edith Sheffer “Hans Asperger était complice du programme nazi visant à tuer ces enfants”.

Aujourd’hui une partie de la communité scientifique et des médecins militent pour que le nom d’Asperger ne soit plus associé aux « troubles du spectre autistiques ». C’est à la psychiatre britannique Lorna Wing qui a baptisé ce trouble du spectre autistique au nom d’Asperger. Dans les années 1980, elle mène des recherches approfondies sur l’autisme, et c’est là qu’elle découvre l'article d’Asperger de 1944. “Par courtoisie professionnelle”, explique Edith Sheffer, “Lorna Wing a décidé de donner son nom au syndrome.

Mais la définition de l’autisme de Lorna Wing n'avait que très peu de points communs avec celle d’Asperger. Lorna Wing s'est débarrassée de la rhétorique nazie et a parlé de syndrome plutôt que de psychopathie”. Pour l’historienne Edith Sheffer, il faut “renommer le terme syndrome d'Asperger, car médecine, les diagnostics sont nommés d'après les personnes qui sont à l'origine de la définition d’un syndrome ou d'une maladie, ou en guise d'hommage.” Selon elle, Asperger “ne mérite ni l'un ni l'autre”. 

Retrouvez l'interview intégrale d'Edith Scheffer par Virginie Girod dans le podcast "Au coeur de l'Histoire".

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