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Matthieu Bock, édité par Laura Laplaud , modifié à
En Guadeloupe, même si les autorités tentent de rétablir la circulation, un barrage, celui dit de "La Boucan" résiste encore et toujours. À Sainte-Rose dans le nord de l’île, les manifestants contrôlent la route d’une main de fer sur plusieurs kilomètres. Les gendarmes n’ont pas encore réussi à le faire évacuer.

La tension ne redescend pas en Guadeloupe. Si les autorités tentent de rétablir la circulation sur l'île, un barrage, celui de "La Boucan", résiste encore. Devant des carcasses de voitures calcinées qui barrent la route et devant des pneus brûlés, les manifestants font la circulation. Pour les automobilistes qui essayeraient de négocier, les contestataires scandent les noms des véhicules autorisés à traverser le barrage : "les ambulanciers, les pompiers, les handicapés", les voitures de ravitaillement.

"Il n'y a pas de cheval de Troie"

À Sainte-Rose dans le nord de l'archipel, certains camions sont fouillés comme l'explique Ludovic Tomasi, le porte-parole du mouvement Moun Gwadloup. "Ce n'est pas un contrôle, c'est juste une vérification pour savoir si ça correspond", précise-t-il. Les manifestants veulent montrer qu’ils sont responsables et ouvrent le passage durant quelques heures pour permettre à ce territoire enclavé de se ravitailler, mais préfèrent rester prudents. "On sait qu'aujourd'hui, on a des forces spéciales qui sont en Guadeloupe. On ne va pas laisser un camion entrer avec 50 membres du GIGN, ce serait un peu bête de notre part, il n'y a pas de cheval de Troie", expose-t-il.

À 15 heures précise, les manifestants referment le barrage entraînant au milieu de la route les carcasses en métal. Une situation extrême, mais indispensable pour Willy et Hubert. "Nous ne sommes pas contre notre population, mais on a des choses à dire parce qu'il y a des jeunes qui sont en souffrance dans la commune", dit l'un.

150 interpellations

"C'est pour ça que ce barrage est aussi vivant et que vous avez autant de jeunes qui viennent pour la première fois, ils ont envie de dire leur ras-le-bol", fait savoir l'autre.  Après ces scènes de pillage de magasins et ces tentatives d'homicide sur des policiers, près de 150 interpellations ont eu lieu. Parmi celles-ci, 70 personnes ont été jugées et 64 condamnées. Pour autant, les manifestants restent déterminés. Pour bien montrer que cette ville est désormais coupée du reste du territoire, un contestataire a peint sur le bitume "République démocratique de Sainte-Rose".