Gendarme tué : le suspect mis en examen pour "homicide volontaire" aggravé

Le gendarme de 55 ans est mort dimanche des suites de ses blessures.
Le gendarme de 55 ans est mort dimanche des suites de ses blessures. © Capture d'écran Europe 1.
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avec AFP , modifié à
Multirécidiviste bien connu des forces de l'ordre, l'automobiliste qui a percuté un gendarme samedi soir dans l'Ariège a été mis en examen. 

L'automobiliste qui a violemment percuté et tué un gendarme lors d'une course-poursuite dans l'Ariège a été mis en examen lundi soir à Toulouse pour "homicide volontaire" aggravé, a annoncé le procureur de la République Pierre-Yves Couilleau. Samedi soir, l'homme avait délibérément foncé sur une patrouille de gendarme lors d'un contrôle routier, avant de prendre la fuite. Un "acte inqualifiable" selon François Hollande.

Double circonstance aggravante. "Nous retenons les faits d'homicide volontaire avec une double circonstance aggravante : la "qualité de militaire de la gendarmerie nationale" de la victime, et le "mode opératoire" ainsi que le "passé judiciaire du mis en cause", a indiqué le procureur de Toulouse, annonçant l'ouverture d'une information judiciaire. "Il a fui pour ne pas avoir à répondre une nouvelle fois de faits d'interdiction de séjour en Ariège et de conduite sans permis", a précisé le procureur, soulignant que le mis en cause avait en outre proféré des menaces à l'encontre des gendarmes. Le parquet a requis un placement sous mandat de dépôt à l'encontre du suspect de 31 ans, qui était présenté dans la soirée à un juge des libertés.

"Il a choisi de ne pas s'arrêter". Le major Christian Rusig, 55 ans, commandant de la brigade de Tarascon-sur-Ariège, huitième gendarme tué dans l'exercice de ses fonctions en 2016, a succombé, dimanche à Toulouse, des suites de ses blessures. Il avait été "violemment et délibérément" percuté samedi soir lors d'une course-poursuite en Ariège, par cet automobiliste, avait indiqué dimanche le général Bernard Clouzot, commandant de la région de gendarmerie. Sur la base "d'éléments factuels" et de "témoignages", le parquet a retenu l'intention homicide, a précisé le procureur de la République. "Il a choisi de ne pas s'arrêter et d'emprunter l'espace séparant le véhicule de gendarmerie d'un bosquet proche du chemin", a-t-il déclaré.

"La prochaine fois ça sera vous ou moi". La procureur a ajouté que "cette volonté de ne pas s'arrêter, coûte que coûte" aurait été exprimée "à plusieurs reprises" par le suspect. Selon le commandant de la brigade d'Ax-les-Thermes, il aurait précédemment "tenu en sa présence des propos dépourvus d'ambiguïté : 'la prochaine fois ce sera vous ou moi' ", a déclaré le procureur. Après les faits, alors qu'il était "menotté dans un véhicule de gendarmerie", il aurait aussi lancé : "je vous avais prévenus".

Multirécidiviste. Le suspect, placé en garde à vue peu après les faits, "conteste l'homicide volontaire", a encore précisé le procureur de Toulouse, qui s'est saisi de l'affaire en raison de sa compétence régionale en matière criminelle. Sa compagne de 21 ans, présente dans la voiture, a déclaré "avoir senti un impact sur le véhicule", mais le suspect, au volant, affirme "n'avoir rien perçu, ni vu, ni sensation de choc".

Né le 15 décembre 1985 en Ariège, avait été condamné à 24 reprises pour des atteintes aux biens et aux personnes, et se trouvait sous le coup d'une interdiction de séjour en Ariège, prononcé par le tribunal correctionnel de Foix en septembre 2014. Un hommage militaire sera rendu au major Rusig mercredi après-midi en présence du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et du directeur général de la gendarmerie nationale, le général Richard Lizuray.