Frédéric Lenoir : "Si on est cruel envers les animaux, on peut être cruel avec les humains"

  • Copié
A.D

Le philosophe publie l’ouvrage Lettre ouverte aux animaux et à ceux qui les aiment, un livre qui déconstruit l'idée d'une supériorité de l'homme sur les autres animaux.

Il aime les chats, mais pas que. Frédéric Lenoir est l'auteur d'une Lettre ouverte aux animaux et à ceux qui les aiment. Il s'agit en fait d'un livre publié chez Fayard le 25 mai. Le philosophe et sociologue était l'invité de C'est arrivé demain .

Des différences mais pas de supériorité. Le même jour que la parution de l'ouvrage, André-Joseph Bouglione a annoncé arrêter les spectacles d’animaux, et donc le dressage dans son cirque. "Les mentalités sont en train d'évoluer très vite. Ça fait plusieurs années que de nombreuses associations dénonçaient la manière dont les animaux étaient dressés. Pour voir les prouesses de cirque, il y a souvent un long dressage à la baguette", souligne le philosophe.

Plus que de répondre à une mode qui prône l'égalité hommes-animaux, le philosophe voit "une différence fondamentale entre l'être humain et les autres animaux, comme il existe des différences entre toutes les espèces. Mais j'essaye de déconstruire cette théorie où depuis l'Antiquité, on a considéré (...) que l'homme était très supérieur aux animaux", puisque seuls les hommes pouvaient s'adresser aux Dieux. Une théorie qui a amené à considérer les animaux comme des "choses", poursuit le spécialiste.

Êtres sensibles. Frédéric Lenoir est aussi convaincu qu'en aimant mieux les animaux, l'homme aimera davantage l'être humain. "Il ne faut pas séparer la compassion qu'on peut avoir pour les humains et pour les animaux puisque ce sont tous des êtres sensibles, capables de souffrance." A cette pensée générale, le philosophe voit deux contre-exemples : les personnes misanthropes qui ont plus de proximité avec les animaux et les gens qui ont souffert des humains et qui reportent leur attachement sur les animaux. "Cela n'enlève pas le fait que si on est cruel envers les animaux, je suis persuadé qu'on peut être cruel avec les humains."

De la compassion pour ceux qui travaillent dans les abattoirs. Les images insoutenables des conditions d'abattag e révélées par des associations de défense des animaux, montrent selon le philosophe "l'industrialisation du meurtre de masse des animaux." L'homme explique aussi dans son livre avoir eu "de la compassion pour ceux qui font ce métier." Lui comme des milliers de personnes continuent à manger de la viande. "C'est pour cela que ces gens font un métier épouvantable, tuer à la chaîne des animaux qui souffrent. Je crois que pour se protéger de ça, ils sont obligés de mettre à distance les animaux en pensant que ce sont des choses. C'est un métier très violent", conclut-il.