Frais bancaires : les plus pauvres sont les plus concernés

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Hadrien Bect, édité par A.H.
Pour les personnes fragilisées, l'accumulation des frais bancaires pour incidents creuse un peu plus une situation financière difficile.

Être à découvert ou avoir un prélèvement rejeté coûte cher, et ce sont les plus modestes qui trinquent. Selon une étude de l'Union nationale des familles et 60 Millions de consommateurs publiée jeudi, chaque client paie en moyenne 34 euros de frais pour incidents chaque année. C'est près de dix fois moins que les clients modestes qui déboursent près de 300 euros par an.

"Un effet boule de neige". Yvonne n'est "ni riche, ni pauvre", dit-elle. Mais avec 1.000 euros de retraite par mois, et après avoir payé son loyer, ses courses et sa mutuelle, elle se retrouve parfois dans le rouge. Une situation que sa banque lui fait payer. Sur les trois derniers mois, Yvonne a dû régler près de 200 euros frais pour des incidents de paiement. "Pour un chèque qui n'est pas passé, j'en ai eu pour 52 euros de frais. C'est énorme ! C'est l'équivalent de ma mutuelle. Le mois d'après, il y a des choses que je ne peux pas régler, et ça fait boule de neige", déplore-t-elle.

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Dix euros, c'est ce qui permettrait d'acheter un peu plus à manger, plutôt que de les donner à la banque.

Des lettres d'avertissement facturées dix euros. Selon l'étude de l'Union nationale des familles et 60 millions de consommateurs, une personne en difficulté sur cinq a dû payer plus de 500 euros de frais d'incidents en une année. Et les banques ne s'arrêtent pas là. Elles facturent désormais des lettres d'avertissement pour compte débiteur. Avec ses 800 euros par mois, Françoise en a déjà reçu six depuis le début de l'année. "Quand ils vous envoient une lettre pour vous dire que vous êtes à découvert, c'est dix euros. Dix euros, c'est ce qui permettrait d'acheter un peu plus à manger, plutôt que de les donner à la banque. Je trouve que ça faire cher pour une feuille de papier", dénonce-t-elle.

Pour ces clients modestes, il est très difficile de récupérer ces frais. Toujours selon l'étude, un conseiller bancaire sur trois dit avoir reçu des consignes de sa hiérarchie pour limiter au maximum ces remboursements.