Formation à la médecine de guerre : "Ce n'est pas seulement soigner, c'est soigner sous le feu"

Les étudiants soignants sont désormais formés à la médecine de guerre
Les étudiants soignants sont désormais formés à la médecine de guerre © BERTRAND LANGLOIS / AFP
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Aude Leroy, édité par M.R.
Depuis la rentrée 2017, plusieurs formations à la médecine de guerre ont vu le jour pour les étudiants soignants. Le but, apprendre à soigner le plus de vies possible avec peu de moyens et "sous le feu".

L'une des conséquences directes des attentats qui touchent la France depuis 2015, ce sont les cours de médecine de guerre désormais dispensés aux étudiants en médecine, en pharmacie ou encore aux futurs dentistes. En 2017, 130 volontaires suivent cette formation (contre 80 l'an dernier). Un enseignement qui sera bientôt dispensé dans toute la France. À l'école du Val de Grâce, la formation Santé-Défense connaît un véritable succès.

Sauver le plus de vies. La formation a ouvert en 2015 à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher. Le but est d'apprendre aux futurs médecins, en cas d'afflux de blessés, à sauver le plus de vies possible avec peu de moyens et tout en gardant la tête froide.

Un apprentissage sur le terrain. "Si jamais j'arrive, que je suis tout seul, je ne dois pas m'arrêter sur le premier [blessé] que je vois", explique Thomas, 23 ans, en cinquième année de médecine, au micro d'Europe 1. "S'il y a deux blessés, je vais regarder lequel est le plus important. Parce que le temps que je masse le premier en attendant l'ambulance, l'autre aura déjà perdu tout son sang. Il y a des automatismes [à acquérir], ne pas être naïf et ça, ça ne s'apprend nulle part ailleurs. C'est vraiment la pratique du terrain, de l'expérience et qui n'existe pas dans l'enseignement théorique de base."

Apprendre à travailler "sous le feu". Finalement il s'agit d'une médecine adaptée à un contexte de guerre. "Les attentats, c'est l'entrée de la guerre sur le théâtre national", rappelle le médecin-chef Paul, l'un des formateurs. "On les forme aussi sur les difficultés que peut avoir l'exercice d'un soignant militaire. Travailler avec la fatigue, la peur, la faim, le noir, la poussière... Tout cet environnement que les soignants français découvrent au moment des attentats. Ce n'est pas seulement soigner, c'est soigner sous le feu."