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Stéphane Burgatt (à Bouilladisse), édité par Solène Leroux
Autour des soupçons de mauvais traitements des familles prennent les devants et sortent leurs parents de ces institutions. Ils deviennent ainsi "aidant" et les assument à domicile malgré toutes les difficultés du quotidien. Europe 1 s'est rendue près d'Aubagne, à la rencontre d'une famille qui a fait ce choix.

Confortablement installée sur son lit médicalisé au milieu de ses poupées, c'est l'heure du dîner de Lucette. Et comme chaque soir, il débute par une note sucrée. Sa fille Sophie Verdier se charge du repas : "Une crème à la vanille et une compote pomme banane, car elle adore le sucré, on fait tout à l'envers. Il faut dire qu'ici, c'est la reine. Elle s'éclate, elle rigole et parle avec ses poupées. C'est la reine du pétrole", s'amuse-t-elle. Cela fait trois ans maintenant que Sophie Verdier a fait une croix définitive sur la maison de retraite : "Ce qui n'allait pas, entre autres, c'est que c'était la dernière de son étage pour lui faire la toilette. Parfois, c'était fait à 11h20, pour ensuite l'amener au déjeuner à 11h30. C'était vraiment de l'abattage. On ne donne pas le temps et les moyens aux soignants pour travailler."

Un choix qu'il a fallu assumer puisque Lucette, 84 ans, souffre de maladie neurodégénérative. Sophie et son mari Frédéric ont dû réaménager le rez-de-chaussée de leur villa : "Dans la chambre, on a démonté le placard pour construire une douche au ras du sol et un évier. À côté, on a créé des placards pour toutes ses affaires. Il y a aussi tout le matériel comme le lève malade."

Pour une fin de vie digne et heureuse

C'est toute une organisation au quotidien, entre les cahiers de liaison médicale, les traitements et les soins… Heureusement, le couple n'est pas seul : "Nous sommes une équipe de cinq : il y a deux infirmiers, une aide à domicile plus une aide-soignante qui vient parfois la suppléer", détaille-t-elle.

Coût total : 1.000 euros par mois soit trois fois moins que la maison de retraite. Et le résultat est incomparable : "Il n'y a pas photo, elle est nettement mieux. Son état cutané s'est énormément amélioré. Depuis qu'elle est là, je revis... Et elle aussi ! J'estime que c'est un juste retour des choses. Pour moi, le but, c'est de l'accompagner dans sa fin de vie, qu'elle soit le mieux possible. Que la fin soit heureuse, tout simplement." Selon elle, c'est justement la mission première des Ehpad, une mission qui ne devrait jamais être négligée.