Laura Rapp 1:35
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Margaux Baralon
Voilà un an, le gouvernement organisait un Grenelle consacré aux violences conjugales. Laura Rapp, victime de son ancien conjoint, en appelle aujourd'hui à une vaste réforme de la justice qui manque de moyen et de formation. "On ne va pas du tout assez loin", regrette-t-elle sur Europe 1.
INTERVIEW

Son ancien compagnon l'a battue, insultée, étranglée et a même failli la tuer devant les yeux de leur fille de deux ans et demi. Il y a un an, à l'occasion du Grenelle organisé par le gouvernement sur les violences conjugalesLaura Rapp livrait un témoignage poignant au micro d'Europe 1. Un an plus tard, la jeune femme s'est engagée sur le terrain. Et si elle constate des améliorations, elle regrette également qu'il n'y ait pas de réforme de la justice plus importante. 

"On ne va pas du tout assez loin"...

"Il y a des vies qui sont sauvées. Il y a aussi une sensibilisation des magistrats, des procureurs. On le voit", reconnaît Laura Rapp. "Mais on ne va pas du tout assez loin." La jeune femme a été pourchassée par son ex-conjoint lorsque celui-ci a été relâché en attente de son procès. Il a enfreint plusieurs fois son contrôle judiciaire et tenté de s'en prendre à elle. "La juge d'instruction n'a jamais répondu aux appels de mon avocate", dénonce aujourd'hui Laura Rapp. "Il faut une réforme structurelle de la justice."

Rappelant qu'aujourd'hui, "80 % des plaintes [pour violences conjugales] sont classées sans suite", la jeune femme estime également qu'on "ne protège pas les enfants qui sont victimes". "Et on ne pourra pas protéger la mère tant qu'on ne protégera pas les enfants."

... notamment sur la déchéance des droits parentaux

Laura Rapp regrette notamment que son ex-conjoint n'ait pas été déchu de ses droits parentaux. Elle note que la proposition de loi LR portée par Aurélien Pradié, adoptée en décembre, marque "une avancée" en la matière. De fait, ce texte entérine la suspension de plein droit de l'autorité parentale en cas de crime ou de poursuite pour crime. "Mais c'est une suspension de six mois en cas de féminicide", résume Laura Rapp. "Aujourd'hui, en France, il faut mourir [pour obtenir] une suspension de six mois."

La jeune femme réclame aussi des tribunaux spécialisés, estimant que les juges aux Affaires familiales n'ont pas le temps d'apprécier correctement la situation. "Le juge ne regarde même pas le dossier au pénal. Des magistrats ont aussi encore tendance à dire qu'un homme violent peut être un bon père."