Féminicides : "Il faut des places d’hébergement en urgence pour ces femmes battues"

99 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France en 2019. 7:15
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Fabienne Le Moal, édité par Yann Quercia
Alors que se tiendra mardi le Grenelle des violences conjugales, Celine Lolivret, présidente du collectif des proches et familles de féminicides, demande au micro d’Europe1 des mesures d’urgences pour lutter contre les féminicides.
INTERVIEW

99 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France en 2019. Ce terrible décompte des associations interpelle forcément à quelques jours du Grenelle des violences conjugales. C’est 16 homicides de plus qu’à la même période en 2018. Comment faire pour éviter ces drames ? Céline Lolivret, porte-parole du collectif des proches et familles de victimes de féminicides, est l'invitée d'Europe 1, samedi midi.

Avec ce grenelle, peut-on dire que les choses bougent enfin ?

Non, pour l’instant les choses ne bougent pas et je pense que les chiffres parlent d’eux-mêmes. On attend beaucoup de choses de ce grenelle et on espère que ce ne sera pas un coup de communication. Nous attendons des mesures d’urgence car il faut qu’il y ait des actes concrets.

Quelle est pour vous la première mesure à prendre ?

Il faut que les femmes soient accueillies correctement dans les commissariats et aucune plainte ne doit être ignorée. Il faut des mesures d’orientation et de protections pour les femmes. Il faut aussi que la justice soit moins lente car aujourd’hui, une plainte met 90 jours à remonter au procureur.

Que vous a-t-on répondu quand vous aviez voulu porter plainte contre votre ex-compagnon ?

Que ce n’était pas le jour ni l’heure pour...

Qu’avez-vous dit au ministre de l’Intérieur et aux patrons de la gendarmerie et de la police nationale lors de votre rencontre, il y a trois semaines ?

Nous avons demandé qu’il y ait plus d’investissement dans le travail des policiers et qu’ils prennent en compte ces femmes qui viennent porter plainte.

Vous avez proposé un questionnaire pour mieux accueillir les femmes qui se rendent au commissariat ?

Oui, il y a des choses simples qui ne nécessitent pas forcement de budget. Nous avons proposé une grille d’évaluation de danger dont disposerait les femmes et qui irait de 1 à 10. Si la personne est graduée à 7,8,9, c’est que cette femme est en grand danger et qu’il faut prendre immédiatement des mesures d’éloignement et d’interpellation du conjoint (…). Si une femme vient porter plainte, c’est qu’elle est en danger et quand elle passe la porte, c’est qu’elle demande de l’aide.

Ce qui est important, c’est que les femmes ne soient pas obligées de rentrer chez elle après être venue au commissariat ?

Oui, les associations militent beaucoup pour ça. Il faut des places d’hébergement spécialisées pour ces femmes battues et que ce soit aussi au conjoint de quitter le domicile (…) Nous avons également proposé à Christophe Castaner que le fichier de port d’arme, que ce soit pour des personnes qui font de la chasse ou du tir, soit regroupé au niveau des fichés S. Ainsi, si une femme vient porter plainte et que son conjoint a un port d’arme, il faut lui supprimer systématiquement pour éviter certains drames.

Vous êtes confiante pour mardi ?

Oui car c’est la première fois que cela arrive et il faut travailler ensemble pour qu’il y ait des mesures concrètes et d’urgence (…). Il faut que la population se rende compte que ça peut arriver à notre sœur, à notre voisine, à nos mères C'est un fléau.