Etats généraux de la bioéthique : l'Eglise rassemble ses troupes

© MEHDI FEDOUACH / AFP
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Sébastien Krebs, avec Ugo Pascolo
Prévue pour début 2019, la révision de la loi sur la bioéthique fait déjà parler d'elle sur les bancs de l'Eglise, qui compte bien peser dans ce débat. 
L'ENQUÊTE DU 8H

L'Eglise catholique veut avoir son mot à dire lors des Etats généraux de la bioéthique. Au programme : PMA, fin de vie, don d'organes ou encore recherche en génétique. Le débat national va durer plusieurs mois. Pour peser dans ce débat, les évêques de France ont convoqué la presse pour développer leur vision et lancer des initiatives pour mobiliser les fidèles.

Avec les associations catholiques. Ça a même déjà commencé dans certaines paroisses sous l'impulsion d'associations catholiques. Lundi soir, dans une salle paroissiale de Saint-Charles de Joinville, près de Paris, se tenait une conférence le thème de "la PMA sans père". "Personne n'a le droit de priver un enfant de père. Il est temps d'obliger la société et nos députés en prenant les droits de l'enfant au sérieux. Rien n'est écrit à l’avance, il n'y a rien d’inéluctable, il est possible de refuser ce basculement", assure une paroissienne qui y participe.

Auprès des laïcs. Et ce n'est pas la seule conférence, dans les diocèses, les agendas se remplissent. Il y aura des réunions dans des cathédrales, avec les évêques et des intervenants extérieurs : des théologiens, des médecins. Pas moins de cinq rendez-vous sont prévus à Paris, avec des soirées notamment autour de la fin de vie. L'objectif c'est que le débat ne soit pas seulement porté par des religieux. Les évêques y travaillent depuis des mois, mais ils ont aussi formé des laïcs. Morgane est l'une d'entre eux : "on a été une cinquantaine à être invités, pour nous dire un peu comment il fallait éventuellement se positionner en tant que catholique", explique la jeune femme. "Et on réfléchissait à ce qui est dit dans la loi et ensuite qu’elle est la réflexion de l'Eglise autour de ça et ce qu'elle invite à penser au regard de la dignité humaine", conclut-elle. Après leur formation, ces laïcs sont renvoyés dans leurs paroisses avec la mission de sensibiliser les fidèles.

Entendu sur europe1 :
"Par exemple l'enfant, c'est une évidence que ce n'est pas bien de décréter avant même qu'il soit conçu, que cet enfant n'a pas de père."

Un site dédié à la bioéthique. "Il faut que le regard chrétien sur la vie s'exprime", explique un prêtre à propos de ces formations. Mais ce n'est pas le seul canal de diffusion de l'Eglise : un site internet entièrement dédié à la bioéthique, mis en ligne par la Conférence des évêques de France, avec des fiches sur chaque sujet, est déjà disponible. On y cite des références scientifiques, mais aussi des écrits du pape François ou de Jean Paul II. Sur le don d'organes, par exemple, l'Eglise insiste sur le consentement. Sinon c'est une forme de "nationalisation du corps", juge-t-elle. Pour la recherche contre les maladies génétiques, le dépistage de la trisomie 21 est vu comme une dérive vers l'eugénisme, une façon d'éliminer les enfants "imparfaits", selon l'Eglise. Quant à l'euthanasie, elle est inacceptable, car c'est "donner la mort". 

"La foi dit quelque chose de très important, c'est que personne ne peut mettre la main sur l’être humain", explique Monseigneur d'Ornellas, qui a supervisé la création du site. "Tu ne tueras point, c'est aussi simple que ça. Dès que ça blesse la dignité humaine, ce n'est pas bien. Par exemple l'enfant, c'est une évidence que ce n'est pas bien de décréter avant même qu'il soit conçu, que cet enfant n'a pas de père", détaille l'évêque de Rennes. Mais l'action de l'Eglise ne se limite à ses membres : les évêques rencontrent également des hommes politiques. Ils envisagent également de publier un livre. Et une action symbolique est aussi déjà prévue le 16 mai prochain : une veillée de prières à Notre Dame de Paris, une veillée "pour la vie".