Essonne : plainte pour «actes de torture» au commissariat de Juvisy

Commissariat police
Une plainte pour "actes de torture" commis par des policiers a été déposée au tribunal judiciaire d'Évry. (Illustration) © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP , modifié à
Cette plainte avec constitution de partie civile contre X pour "actes de torture commis par personnes dépositaires de l'autorité publique, en réunion, avec usage d'armes" et avec la circonstance aggravante du mobile raciste a été envoyée mardi au doyen des juges d'instruction du tribunal d'Évry.

Une plainte pour "actes de torture" commis par des policiers a été déposée au tribunal judiciaire d'Évry dans l'affaire des accusations de violences policières au commissariat de Juvisy-sur-Orge, a appris mardi l'AFP. Cette plainte avec constitution de partie civile contre X pour "actes de torture commis par personnes dépositaires de l'autorité publique, en réunion, avec usage d'armes" et avec la circonstance aggravante du mobile raciste a été envoyée mardi au doyen des juges d'instruction du tribunal d'Évry. Ce type de plainte permet d'obtenir la désignation quasi automatique d'un juge d'instruction, statutairement indépendant.

"Bougnoule" et "sale arabe"

Dans la nuit du 9 au 10 mai à Athis-Mons (Essonne), ville voisine de Juvisy-sur-Orge, le jeune Mahedine, âgé de 19 ans, et deux amis sont contrôlés par des fonctionnaires, puis placés en garde à vue pour des faits d'outrage et rébellion. Dès l'interpellation, il accuse trois policiers de l'avoir notamment "projeté violemment au sol" et d'avoir utilisé une bombe lacrymogène "au niveau du visage", entraînant de "graves difficultés respiratoires", selon la plainte consultée par l'AFP. Dans le véhicule, un fonctionnaire aurait tenu ensuite des propos racistes, comme 'bougnoule' et 'sale arabe'", assure le jeune.

Placé en garde à vue, il raconte de nouvelles violences au sein du commissariat de Juvisy, dont "un très grand nombre de coups de poings assenés au visage", "plusieurs coups de taser au bras et à l'épaule gauche", un autre au cou et "des écrasements de pieds par les bottes des fonctionnaires". Le jeune homme avait obtenu quatre jours d'ITT (incapacité totale de travail) à la suite d'un examen médical réalisé au cours de sa garde à vue. Une trentaine de lésions sur le corps avaient également été notées.

Enquête sur les "faits de violences allégués"

"De 1986 à 2022, rien n'a changé", a réagi auprès de l'AFP son avocat Me Arié Alimi, faisant référence à l'affaire Malik Oussekine, matraqué à mort par des policiers. "On torture dans les commissariats de la République, et on se le permet sur les Arabes parce que pour eux les Arabes sont des sous-hommes", a-t-il lancé. Selon la plainte, son client a subi "incontestablement des violences d'une telle intensité qu'elles caractérisent le crime de tortures", commises par des policiers.

À la suite d'une première plainte déposée vendredi à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), le parquet d'Évry a ouvert une enquête sur les "faits de violences allégués". La procédure pour outrage et rébellion, confiée au commissariat de Juvisy, a été suspendue, le temps de l'enquête de l'IGPN.